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le midi blanc

  • Catégories : Culture

    Thierry Maulnier : message de fidélité aux idéaux inchangés de sa jeunesse maurrassienne [1971]

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    "Tout ce qui a divisé, divise et divisera les Français, me­nace de dissolution la subs­tance nationale elle-même si la permanence, la volonté de permanence de la nation n’est pas maintenue et, si j’ose dire, infatigablement restau­rée par les efforts des hom­mes et par les institutions dont la raison d’être est de suppléer aux insuffisances et aux relâchements de ces ef­forts. 

    Il est bon que se retrou­vent et se reconnaissent, comme vous le faites aujour­d’hui à Montmajour, ceux qui, dans ce pays, sans doute plus nombreux qu’on ne le pense, persistent à aimer la France et à ne pas désespérer d’elle. » Thierry MAULNIER"

     

    Message dont tous les termes sont pesés, adressé au président de l’Union Royaliste Provençale en juin 1971 à l’occasion du rassemblement de Montmajour. Tiré du site Je suis Français.

    Thierry Maulnier, écrivain français, éditorialiste, notamment au Figaro, est né le 1er octobre 1909 et mort le 8 janvier 1988. Critique attaché au langage classique et opposé au théâtre engagé comme à la littérature existentialiste, c'est aussi un auteur dramatique. Proche des Hussards, il est élu en 1964 à l'Académie française.

  • Catégories : Action française

    La lettre d'information

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    L’été que nous venons de vivre ne prédispose pas à un optimisme démesuré. Ce fut un épisode caricatural de ce que peut engendrer un système républicain ayant totalement perdu le sens de l’orientation.

    Le président capricieux, vexé de son échec aux européennes, n’a rien trouvé de mieux, pour faire l’intéressant et mettre encore un peu plus le pays en difficulté, que de dissoudre l’Assemblée nationale, ce qui a donné lieu à un spectacle certainement jamais vu. Le monde politicien français s’est alors transformé en cours de récréation pour savoir celui qui pourrait gagner la partie de billes. Nous savions depuis longtemps que tous ces personnages peu recommandables étaient loin de tout souci de l’intérêt général, mais il faut reconnaître que la lâcheté, accompagnée de pitreries indécentes, a atteint des sommets. C’est ainsi que nous avons vu les ennemis de façade d’hier se désister réciproquement. Tout cela pour faire obstacle à une autre formation qui risquait de leur prendre la place… souhaitant en effet la leur prendre et faire, en réalité… à peu près la même chose !

    Le plus curieux tout de même est de constater que plusieurs milliers de personnes leur ont apporté leur suffrage, phénomène qui n’est pas près de nous réconcilier avec la démocratie telle qu’elle est instituée. D’autant que le gouvernement, qui est arrivé après moulte péripéties, n’est qu’une bouteille d’huile et de vinaigre par nature incompatibles. Au surplus, ce ne sont pas 41 ministres ou secrétaires d’État qui vont permettre une gestion en bon père de famille ! Inutile d’insister. Attendons la suite, qui ne saurait tarder à nous réserver de nouvelles surprises…

    Pendant ce temps, la justice patine, les jeunes français sont assassinés, pour la plupart par des OQTF non exécutés, la dette empire de façon dramatique au risque d’atteindre prochainement un point de non-retour, le niveau éducatif nous place dans les derniers rangs mondiaux, la démographie est en chute libre, le remplacement de population n’est plus à discuter et les églises brûlent sans que quiconque s’en émeuve. D’autres que nous, attentifs à tous ces phénomènes ont pu écrire que « la France se meurt ». C’est, à l’évidence, exact, mais après le constat, où est la solution ?

                    L’Action française, forte de ses 125 ans d’expérience, d’échecs et de réussites n’a, quant à elle, jamais perdu l’espoir de voir le pays se redresser. Il a failli sombrer plusieurs fois : la réflexion, la volonté, le courage, l’abnégation de tous ont pu venir à bout des pires fléaux, intérieurs et extérieurs.

                    C’est ce qu’ont appris, ou réappris, tous ceux qui se sont une fois de plus retrouvés au 71e CMRDS, oui, 71e (!), et cette année, pour la première fois dans ses propres locaux. Nous assistons chaque année à la même époque à des comptes-rendus des ῝universités d’été῞ de différents partis qui ne sont rien d’autres qu’une journée de discours démagogiques et de petites phrases tant attendues par la presse. Qui évoque nos huit jours d’intense travail, de réflexion, d’étude, de joie et d’amitié ?

                    Nous y apprenons que la mise en œuvre d’une politique conforme aux intérêts et à l’histoire de la France repose sur la nécessité d’un pouvoir légitime, incarné par un homme pleinement maître de son indépendance et assuré de la durée, seuls moyens d’un redressement cohérent.

    Mgr le Comte de Paris personnifie cette légitimité. C’est là la raison première de notre espoir.

  • Catégories : Comte de Paris, Monarchie

    Des fleurs de Lys dans les escarpins de la République

     

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    Descendant direct de Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français, le prince Jean d’Orléans, comte de Paris, est l’actuel chef de la Maison royale de France. Régulièrement interviewé par les médias, cet héritier des Capétiens se pose naturellement en alternative. Lors de ses vœux aux Français, il a appelé au retour "d’un modèle politique équilibré". Pour 17% des Français, la restauration de la monarchie est la solution aux nombreuses crises qui secouent la France.

    Cet article est paru en début d'année dans la revue Causeur. Il conserve toute son actualité.

     

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    Le prince Jean d’Orléans a 57 ans. Il vit avec sa famille, dans l’Aude, près de la cité médiévale de Carcassonne. Dans ses veines, mille ans d’histoire capétienne, celle de la France dans ce qu’elle a eu de plus sacré et de plus triomphal. Son arbre généalogique est éloquent, constellé de personnages hauts en couleur comme Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du roi Louis XIV, le régent Philippe d’Orléans, le député de la Convention Philippe Égalité, et enfin Louis-Philippe Ier, dernier roi des Français entre 1830 et 1848. Un héritage familial qu’il assume pleinement.

    À l’écart des journaux tirant sur papier glacé

    Chef de la Maison royale de France depuis 2019, il compte encore derrière lui de nombreux partisans (au sein de l’Action française notamment), favorables au retour de la monarchie. Il porte le titre de comte de Paris. Un apanage repris par sa famille depuis un siècle ; un titre de courtoisie que tolère la République. Loin des magazines people qu’il n’affectionne pas et de toute pression médiatique, le prince Jean d’Orléans n’oublie pas ses devoirs. Très régulièrement, il publie des éditoriaux dans des quotidiens reconnus (MarianneLe Figaro), donne des interviews (Europe 1, France 2, CNEWS, TF1…) sur des sujets qui lui tiennent à cœur. La défense de l’environnement, de la famille, duPresse.jpg patrimoine, de la société dans son ensemble. Jean d’Orléans a été formé à bonne école. Par son grand-père Henri d’Orléans (1908-1999). Un nom dont le destin aurait pu se mélanger avec celui du général de Gaulle si ce dernier avait décidé d’aller jusqu’au bout de son projet.

    L’épisode est peu connu des Français et a donné lieu à diverses supputations ou théories. Le plus souvent farfelues ou erronées. Mais entre 1963 et 1965, le héros de la Libération aurait pourtant songé à ce Comte de Paris-L'Express.jpgdescendant d’Henri IV pour lui succéder à la tête de l’État. Le magazine L’Express en fera même sa principale couverture, désignant le prince Henri d’Orléans comme le dauphin du général de Gaulle. Une idée qui ne plaira pas à tout le monde et qui va faire l’objet d’un vaste rejet au sein de la baronnie gaulliste peu résolue à ployer l’échine face à ce Capétien ambitieux. La loi d’exil, qui touchait tous les princes issus de maisons ayant régné en France, a été abolie en 1951. Henri d’Orléans a son propre bulletin tiré à plusieurs milliers d’exemplaires, fait campagne, tente d’obtenir la présidence de la Croix-Rouge, est reçu fréquemment à l’Élysée par De Gaulle qui le missionne diplomatiquement pour le compte de la République. Après les espoirs, la déception. Le général de Gaulle se (re)-présentera finalement et la restauration de la monarchie est remise aux calendes grecques. De cette expérience politique, le prince Jean d’Orléans en a tiré un enseignement, une leçon qu’il entend mettre au service d’une nation déchirée et quelque peu perdue.

    Agacé par un mode de gouvernement qui se coupe des Français

    Lors de ses derniers vœux aux Français, publié sur son site et ses réseaux officiels (il est suivi par 45000 personnes sur Facebook, Instagram et Twitter), Jean d’Orléans s’est posé en alternative d’une institution fragilisée. "Depuis plusieurs années, les diverses crises qui secouent notre société ne cessent d’entamer en profondeur un modèle économique, politique et social qui s’essouffle. Il est temps de jeter sur notre monde un regard lucide pour préparer ce que nous souhaitons laisser à nos enfants et aux générations futures" écrit le prétendant au trône. Appelant à "forger un avenir commun sous le sceau de la liberté dans l’unité et de la paix dans la justice, une société au cœur de laquelle nous replaçons l’homme, afin de redonner un souffle à notre nation millénaire", le comte de Paris pointe du doigt les mauvaises décisions qui ont été votées par un parlement, par des élus dont le principal souci est leur réélection en lieu et place de la préservation du Bien commun, une pensée à court terme.  "(…) Les nombreuses réformes engagées ont profondément creusé les inégalités sociales et réduit nos rapports sociaux à minima sous l’effet de mesures de plus en plus contraignantes. Face à ces mauvais choix, souvent contraires aux aspirations des Français, une voie de vraies réformes est certainement possible qui quitte le confort des cercles restreints pour s’adresser au plus grand nombre. La voie vers un modèle social plus solidaire et juste, un modèle économique plus responsable et équitable, un modèle politique plus décentralisé et indépendant" plaide le prince Jean d’Orléans, ancien soutien des gilets jaunes.

    Sans doute, le « roi Jean IV », comme l’appellent les royalistes, s’agace-t-il de ce mode de gouvernement qui se coupe des Français. "Gouverner, c’est prévoir" rappelle le comte de Paris, paraphrasant Adolphe Thiers, célèbre homme d’État de la IIIe République. Jean d’Orléans se bat contre les sempiternels poncifs et caricatures qui accompagnent habituellement les idées reçues sur une monarchie qui a contribué à façonner la France. Lui, l’imagine volontiers parlementaire où le roi concentrerait toutefois certains pouvoirs contrebalancés par les deux chambres et le référendum à la manière du modèle suisse. Il appelle à retrouver les vraies valeurs gaulliennes de la Constitution actuelle, taillée sur mesure pour un monarque. Pour diffuser sa voix dans le grand public, que certains jugent trop discrète, il a écrit un livre :  Jean de France, un prince français, paru en 2009 aux éditions Pygmalions. Un véritable programme politique dont on peut retrouver les grandes lignes sur sa fiche Wikipedia, l’encyclopédie en ligne bien connue. Des positions que ses partisans n’hésitent pas à distiller face caméras aux médias intrigués de les voir chaque année se rassembler, le 21 janvier, dans les grandes villes de France, lorsqu’ils commémorent le décès de Louis XVI, guillotiné par la Convention en 1793.

    Les Français tentés par rappeler un roi ? Selon un sondage BVA/ Alliance Royale paru en 2016, ils sont 17% à souhaiter que l’on réinstalle un monarque à la tête de l’État. L’idée rassemble toutes les générations (notamment à droite) et se veut moderne. Parmi tous les avantages cités, celui d’un monarque au-dessus des partis politiques, dont le niveau de neutralité serait élevé et source d’une certaine continuité au sein de l’État, respectueux des valeurs traditionnelles, à la tête d’une institution qui assurerait un système d’égalité démocratique, d’un régime défenseur des libertés économiques, politiques et civiles. En 2021, les monarchies tiennent haut le pavé selon l’Heritage Foundation qui s’est penché sur ces principes démocratiques évoqués. 

    Frédéric de Natal

  • Deux journées de formation et d'amitié

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    LES SECTIONS DE LA RESTAURATION NATIONALE

    DE BÉZIERS ET MONTPELLIER

    L'ASSOCIATION PAMPRES ET LYS

    L’ASSOCIATION LOUIS XVI ET LE MIDI BLANC

     

    Organisent deux journées de formation et de conférences

     

    Les samedi et dimanche 25 et 26 mai 2024 avec déjeuner et dîner le samedi et déjeuner le dimanche.

    Conférences :

    - Samedi matin et après-midi

    - Dimanche après-midi

    Le programme et les conditions d’inscriptions seront envoyées début mai.

     

    D’ores et déjà retenez ces dates

  • Béziers et sa région : Messe de Requiem pour Louis XVI en l'église Saint-Jacques samedi 20 janvier à 11 h

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    Les adieux de Louis XVI à sa famille

     

    Cette année, le 21 janvier, date anniversaire de l'assassinat de Louis XVI, est un dimanche.

    En conséquence, la messe aux intentions du Roi et des victimes de la Révolution sera célébrée à Béziers le samedi 20 janvier à 11 h. en l'église Saint-Jacques.

    Merci de diffuser autour de vous.

  • Catégories : Culture, Maurras

    Les raisons de lire Maurras aujourd’hui selon Rodolphe Cart dans Front Populaire

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    L'excellent site Je Suis Français a publié l'article de Rodolphe Cart paru dans Front Populaire. Il nous a paru très utile de le reprendre.

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    Cet article est paru le 23 mai dans Front Populaire. On ne sera pas nécessairement d’accord sur tout, encore que se trouve ici déroulé un exposé somme toute très simple et fort classique d’un maurrassisme de base, parfois raccordé à quelques expressions plus actuelles du vocabulaire et du souci politique d’aujourd’hui. On ne pourra qu’être d’accord avec l’intention de fond de l’auteur dont JSF a déjà publié un article en février dernier. Celui-ci nous semble utile et même nécessaire pour faire connaître les grandes lignes de la pensée de Maurras à un large public extérieur aux tenants habituels du courant maurrassien. En atteste la longue série de commentaires – souvent excellents – qui suit cet article de Front Populaire

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    Par Rodolphe Cart

    La seule évocation du nom de Charles Maurras suffit à faire pousser des cris d’orfraie à l’ensemble de la classe politique et médiatique. La pensée du monarchiste mérite pourtant qu’on s’y intéresse, estime notre lecteur. 

    "Rendez-moi ma personnalité. Ne vous amusez pas à fabriquer… un mannequin que vous appelez Charles Maurras. J’ai moi, ma vie, j’ai ma carrière, mes livres, ma doctrine, mes idées, mes disciples ; j’ai l’avenir devant moi."

    Depuis les deux échecs du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour empêcher la tenue du colloque de l’Action française et la manifestation en hommage à Jeanne d’Arc, la presse n’a jamais autant parlé de ce mouvement qui traverse, depuis plus d’un siècle, l’histoire politique de notre pays. Or, qui dit Action française, dit Charles Maurras. Présenté par les chiens de garde du système comme un antisémite, un xénophobe, un collaborateur ou encore un antirépublicain, l’auteur de Mes idées politiques n’en finit pas, même 70 ans après sa mort, de défrayer la chronique. Mais comme il déclarait à son procès en 1945 : « Rendez-moi ma personnalité. Ne vous amusez pas à fabriquer… un mannequin que vous appelez Charles Maurras. J’ai moi, ma vie, j’ai ma carrière, mes livres, ma doctrine, mes idées, mes disciples ; j’ai l’avenir devant moi qui vous flétriront. » Au-delà des caricatures, Maurras est un auteur incontournable des idées politiques et son étude demeure indispensable pour comprendre le siècle précédent — et donc le nôtre.

    Un enraciné authentique

    De 1870 à 1914, alors que la gauche abandonne le thème de la nation au détriment de l’internationalisme et du pacifisme, des penseurs de droite (Barrès, Drumont, Déroulède) reprennent à leur compte l’idée de nation. Toutefois, c’est Maurras qui en produit la synthèse la plus aboutie dans un sens « défensif, nullement agressif, encore moins impérialiste » (François Marcilhac). Tout comme Léon Bloy, Georges Bernanos ou Charles Péguy, Charles Maurras a démontré l’absurdité de séparer patriotisme et nationalisme. Même s’il est vrai que les deux notions peuvent s’opposer — le patriotisme comme ancienne vertu et le nationalisme comme concept moderne —, l’ensemble de ces auteurs ont prouvé que ces deux concepts marchaient à la jonction du temporel (nationalisme laïc) et du spirituel (patriotisme traditionnel).

    Originaire de Martigues et militant au mouvement Félibrige, Maurras était un défenseur de sa petite patrie — ce qui n’excluait pas son attachement à la France. Frédéric Mistral, l’un des fondateurs du mouvement, disait : « J’aime mon village plus ton village, j’aime ma province plus que ta province, j’aime la France plus que tout. » Mais à cette époque, ce qui manque au nationalisme est une doctrine. C’est dans cette optique et à la suite d’articles, d’échanges et de discussions avec des hommes comme Henri Vaugeois et Maurice Pujo, qu’est créée L’Action française (1898). En plus d’être un journal quotidien, l’Action française devient alors la grande école de pensée que nous connaissons encore aujourd’hui.

    Il est faux de considérer que seule la République a le monopole de l’idée de nation ; tout comme il est mensonger de réduire la France uniquement à la République. Évidemment, les Républicains rappelleront que c’est au cri de « Vive la Nation ! » que le général Kellermann harangua ses soldats pour repousser l’invasion étrangère. Mais si Maurice Barrès nous a bien appris une chose, c’est que le mot « nation » est froid et abstrait lorsque les liens d’un peuple avec sa terre, sa culture et les morts sont coupés. C’est ce combat du peuple pour la France charnelle, comme nous l’avions évoqué dans un autre article, qui constitue le mythe politique d’un vrai patriote.

    Le penseur de l’empirisme organisateur

    L’œuvre maurrassienne est dense : récit, poésie, enquête, article, etc. Pour forger sa doctrine, ce Martégal a constitué une « véritable contre-Encyclopédie » en prenant ses sources chez divers penseurs comme Ernest Renan, Frédéric Le Play, Auguste Comte ou Joseph de Maistre. Sur cette diversité, Jacques Maritain note que « les idées politiques de Maurras ne sont pas le résultat d’une éthique […], elles ne constituent pas à proprement parler une “philosophie de la cité”, une doctrine de la vie sociale liée à une certaine métaphysique ou à une certaine antimétaphysique ; elles se présentent à nous comme un ensemble de conclusions acquises par voie inductive, comme d’immédiates constatations de la raison. C’est pourquoi elles peuvent être assumées et intégrées dans des doctrines fortes diverses et ne sont le propre d’aucune en particulier. » Maurras ne cherche, par la méthode empirique, qu’une seule chose : les fondements objectifs et scientifiques de la vérité politique.

    Tout cela nous amène à la maxime maurrassienne « politique d’abord ». Un tel principe n’implique pas que spirituel ou le social soit soumis au politique, mais bien seulement que la politique est « la première dans l’ordre du temps ». Si l’Angleterre est une entité géographique et que l’Allemagne se fonde sur une langue et une race, il observe que la formation de la France est le produit de la politique des rois, du travail patient et résolu de la dynastie capétienne. C’est cette hiérarchie dans la science politique qui le fait devenir monarchiste. Il accuse ainsi la République de ne pas suivre le déterminisme français alors que son acception est la base de tout nationalisme. En ne respectant par sa nature propre, la France s’affaiblit, car comme le dit le chant La Royale : « Les Rois ont fait la France ! Elle se défait sans Roi. »

    Maurras est par conséquent un adversaire du siècle des Lumières, de la théorie des Droits de l’homme et de la Révolution française. Pour lui, toute théorie doit avoir été soumise à l’empirisme organisateur ; c’est-à-dire que l’ordre intérieur d’une cité doit être déduit par l’expérience et l’observation du réel, de la nature des choses et de leurs rapports. Une idée est vraie ou fausse ; ce qui implique qu’il faut séparer l’ordre des sentiments de l’ordre de la pensée. Seules les lois fixes des conditions de continuité de la communauté française l’intéressent puisque ce sont elles qui forment le dénominateur commun qui ramène tout élément politique à l’intérêt national.

    La tradition est critique

    Si la tradition permet de connaître les lois propres à une nation, elle est avant tout le travail lent et évolutif d’un peuple sur lui-même. C’est pour cela que l’autre grande formule maurrassienne énonce que « la tradition est critique ». Cette dernière « doit vivre, progresser, s’enrichir, donc changer un peu ». Maurras ajoute : « Cependant, elle exprime la prédomination croissante des riches trésors du passé. Elle réalise, en histoire, la grande formule d’Auguste Comte que les vivants sont de plus en plus gouvernés par les morts. »

    C’est cette force de la tradition qui lui fait préférer « l’inégalité protectrice » à « l’égalité démocratique ». Dès sa naissance, l’homme doit être éduqué et se retrouve alors dans une situation d’infériorité ; il est un « débiteur insolvable ». Le petit homme doit sa vie et son éducation à un héritage (social, moral, culturel) qui le dépasse en tout point. La démocratie est dès lors néfaste à l’homme puisqu’elle remet en cause, par la faute de la loi du nombre et son rejet de la verticalité et de l’inégalité, cet ordre qui permet d’élever l’homme vers le beau, le bien et le vrai.

    L’autre défaut de la démocratie est d’être fondée sur des axiomes abstraits. Les Républicains parlent de « Liberté » alors que Maurras préfère évoquer ce concept au pluriel et en minuscule. Pour lui, les grandes déclamations du pays légal ne sont que tromperie et déni ; il s’en remet aux libertés concrètes du pays réel qu’Antoine Blanc de Saint-Bonnet, dans son essai La Légitimité, évoquait déjà. Cet effort d’inscrire la politique dans le vrai lui fait remarquer que l’autorité est en « haut » et les libertés en « bas », et donc que « lorsque la doctrine libérale met en opposition liberté et autorité, elle oppose des termes qui ne représentent qu’une seule et même chose, en deux états de sa production ». Sur ce point, il rejoint Péguy qui écrit : « L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude. »

    Le chantre du nationalisme intégral

    Selon la doctrine maurrassienne, les libertés ne sont pas toutes égales et celle de la nation passe avant toutes les autres. Sans l’indépendance de la nation, c’est tout l’ordre qui est nécessaire aux autres libertés qui est remis en cause. Comme l’écrit Maurice Torrelli : « C’est sur cette base que Maurras établit une classification des libertés : celles qui secondent l’essor national sont à favoriser, celles qui n’y portent pas atteinte sont à respecter, celles qui risquent de le contrarier sont à surveiller, celles qui le contredisent sont à supprimer. » En situant l’intérêt général et l’indépendance de la nation au-dessus des libertés de l’individu, Maurras est assurément un penseur illibéral.

    Bien que la question sociale l’intéresse, il n’est pas marxiste. Le nationalisme doit subordonner tous les intérêts sociaux à l’intérêt national. Avant même sa classe sociale, c’est la qualité d’héritier qui détermine un homme ; c’est l’appartenance organique à une famille, à une tradition, et à une patrie qui forment ces liens entre les morts, les vivants et ceux à naître. Si le peuple perd ce « sens de la communauté » à cause de la déliaison libérale, de l’invasion migratoire ou du développement d’une oligarchie xénolâtre, alors le nationalisme, comme art pour un peuple de lutter contre toutes les forces de désagrégation, doit être le sentiment de chaque membre du camp national.

    Maurras combat tout ce qui est antinational ; il est donc un auteur à lire pour tout souverainiste. Aussi faut-il lui laisser le mot de la fin : « Il ne reste plus au Français conscient que d’agir pour que sa volonté soit faite et non une autre : non celle de l’oligarchie, non celle de l’étranger. Reste le rude effort d’action pratique et réelle, celui qui a voulu maintenir en fait une France, lui garder son bien, le sauver de son mal, résoudre au passage ses crises ; c’est un service trop ancien et trop fier de lui-même pour que l’œuvre amorcée en soit interrompue ni ralentie. »