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Association Louis XVI - Page 3

  • Pourquoi voter puisqu'on n'est ni représenté ni écouté

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    Les Français sont dégoûtés : pourquoi voter puisqu’on n’est pas représenté ? On n’est pas représenté parce que son parti, LFI ou RN, est bloqué, mais surtout parce que ses idées ne sont pas défendues : pourquoi réclamer à cor et à cri que l’immigration soit stoppée, que la sécurité soit assurée, quand des patrons réclament, eux, et sont écoutés, eux, qu’on augmente l’immigration, et que le ministre de la Justice explique que tout va bien ? Pourquoi, même, descendre dans la rue quand la police se déchaîne contre des citoyens présentés comme des fascistes émeutiers ? Dans certaines villes pauvres, 95 % de la population ne votent plus ! Les “jeunes” (18-24 ans) non seulement ne votent pas mais ne s’inscrivent plus sur les listes électorales. Les Français vivent dans un pays où le président a été élu par une poignée du corps électoral potentiel, où le parti présidentiel recueille continument des scores minables, encore plus minabilisés quand on regarde le nombre d’électeurs réels, où les exécutifs régionaux sont élus par 10% de la population, où les partis d’opposition ne servent plus à rien ; où le Premier ministre s’est fait voter des pouvoirs exceptionnels (Art. 1 de la loi n° 2021-689 du 31 mai 2021), dernier accroc en date aux libertés et au fonctionnement démocratique des institutions ; où tout le monde a compris que les formes démocratiques étaient vides. Les institutions ont perdu toute légitimité et, donc, l’exercice de leur autorité est insupportable.

    Car cette autorité suppose qu’il est bon d’abandonner nos frontières, ne parle de souveraineté que pour désigner l’Europe (qui vilipende la Hongrie mais va se rapprocher de la Turquie), prononce en permanence de grands mots vides d’effets mais, en revanche, s’applique à réduire toutes nos libertés essentielles tout en reconnaissant que des communautés précises, des territoires identifiés, peuvent, eux, jouir des libertés qu’ils s’accordent sans pour autant renoncer aux subventions de toutes sortes. Il y a simultanément une frénésie de contrôle, de punition et d’asservissement, et un abandon complet des laissés pour compte du progrès. La République aura réussi à dresser contre elle les pauvres, les humiliés, les obscurs, les sans-grades, tous ceux qu’elle prétend écouter mais à qui elle dit qu’ils ne comprennent pas et jugent mal. Les Gilets jaunes ne sont pas matés, ils muent. Ils ont compris que le pouvoir n’était pas dans les urnes. Ils les méprisent, désormais. Ils scrutent ceux qui ont l’oreille du pouvoir, ce composé médiatique, financier et partisan. Bientôt Les Français sont dégoûtés : pourquoi voter puisqu’on n’est pas représenté ? On n’est pas représenté parce que son parti, LFI ou RN, est bloqué, mais surtout parce que ses idées ne sont pas défendues : pourquoi réclamer à cor et à cri que l’immigration soit stoppée, que la sécurité soit assurée, quand des patrons réclament, eux, et sont écoutés, eux, qu’on augmente l’immigration, et que le ministre de la Justice explique que tout va bien ? Pourquoi, même, descendre dans la rue quand la police se déchaîne contre des citoyens présentés comme des fascistes émeutiers ? Dans certaines villes pauvres, 95 % de la population ne votent plus ! Les “jeunes” (18-24 ans) non seulement ne votent pas mais ne s’inscrivent plus sur les listes électorales. Les Français vivent dans un pays où le président a été élu par une poignée du corps électoral potentiel, où le parti présidentiel recueille continument des scores minables, encore plus minabilisés quand on regarde le nombre d’électeurs réels, où les exécutifs régionaux sont élus par 10% de la population, où les partis d’opposition ne servent plus à rien ; où le Premier ministre s’est fait voter des pouvoirs exceptionnels (Art. 1 de la loi n° 2021-689 du 31 mai 2021), dernier accroc en date aux libertés et au fonctionnement démocratique des institutions ; où tout le monde a compris que les formes démocratiques étaient vides. Les institutions ont perdu toute légitimité et, donc, l’exercice de leur autorité est insupportable.

    Car cette autorité suppose qu’il est bon d’abandonner nos frontières, ne parle de souveraineté que pour désigner l’Europe (qui vilipende la Hongrie mais va se rapprocher de la Turquie), prononce en permanence de grands mots vides d’effets mais, en revanche, s’applique à réduire toutes nos libertés essentielles tout en reconnaissant que des communautés précises, des territoires identifiés, peuvent, eux, jouir des libertés qu’ils s’accordent sans pour autant renoncer aux subventions de toutes sortes. Il y a simultanément une frénésie de contrôle, de punition et d’asservissement, et un abandon complet des laissés pour compte du progrès. La République aura réussi à dresser contre elle les pauvres, les humiliés, les obscurs, les sans-grades, tous ceux qu’elle prétend écouter mais à qui elle dit qu’ils ne comprennent pas et jugent mal. Les Gilets jaunes ne sont pas matés, ils muent. Ils ont compris que le pouvoir n’était pas dans les urnes. Ils les méprisent, désormais. Ils scrutent ceux qui ont l’oreille du pouvoir, ce composé médiatique, financier et partisan. Bientôt ils rentreront en désobéissance pour constituer un contre-pouvoir dissolvant.

    Philippe Mesnard

    Rédacteur en chef

  • Entre frilosité et démobilisation, les leçons d'un scrutin

    Le Bien commun est le mensuel de l'Action française. Le n° 31 vient de paraître. 

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    Ci-dessous, l'analyse des dernières élections, par François Marcillac, directeur politique.

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    Entre frilosité et démobilisation

    Le suffrage universel est conservateur. Il l’est d’autant plus dans une période incertaine, où il ne convient pas d’ajouter les risques d’un bouleversement politique aux aléas de la situation. La « prime aux sortants », observée au lendemain des départementales et des régionales, est la conséquence de cette attitude frileuse. Pourquoi voter pour des candidats ou des équipes inexpérimentés ou sans implantation locale quand celles qui ont dirigé les régions et les départements depuis sept ans ont fait honnêtement ce qu’elles ont pu, surtout durant la période de crise sanitaire que nous venons de traverser ? Le fait, d’ailleurs, que les Français connaissent mal les prérogatives tant des régions que des départements, s’il a joué un rôle dans l’abstention record à ces élections, n’a pas été non plus, paradoxalement, sans favoriser les équipes sortantes. Car c’est l’Etat, c’est le Gouvernement, clairement identifiés, que visent les critiques (mais, là encore, dans un réflexe légitimiste que nous avons maintes fois identifié également lors des attentats terroristes, ni l’un ni l’autre ne se sont effondrés).

    Car parler d’effondrement pour les macronistes lors de ces élections seraient un contresens. Pour qu’il y ait effondrement, encore faudrait-il que la REM eût été détrôné. C’est d’autant moins le cas que, la REM n’existant pas lors des précédentes échéances départementales (mars 2015) et régionales (décembre 2015), le mouvement de Macron a surtout montré son incapacité à s’ancrer dans les territoires. Les électeurs de ce mouvement hors sol ont même souvent fait le choix de revenir aux candidats de l’ancien monde, lorsqu’un basculement de majorité se profilait, comme dans la région Pays-de-la-Loire ou en Île-de-France. En région PACA, l’alliance LR-REM contre le RN anticipait ce risque. C’est aussi la raison pour laquelle le Gouvernement n’a rien fait pour susciter une forte participation, jusqu’à un fiasco généralisé dans l’envoi de la propagande : moins la participation est importante, moins il est possible de tirer des conséquences au plan national d’un échec certain à s’ancrer dans le pays réel. Toutefois, le camouflet, lui, est réel, surtout dans les Hauts-de-France, où la majorité présidentielle, en dépit de la présence de cinq ministres, dont deux régaliens (intérieur et justice), ne lui a même pas permis de se qualifier pour le second tour.

    Mais qu’importe, au fond, pour Macron ? Ce qu’il vise, c’est la présidentielle et les ressorts de celle-ci ne sont pas les mêmes que ceux des élections locales. Oui, conclure quoi que ce soit de l’abstention à ces présentes élections ou de leurs résultats, ce serait tirer des plans sur la comète électorale. Parler de sécession est peut-être prématuré, même si le second tour de la présidentielle de 2017 a connu, avec 25,44 %, le plus haut taux d’abstention de toute l’histoire de la Ve République, à l’exception de celui de la présidentielle de 1969 (31,1 %) mais alors sans vrai enjeu politique (opposant la droite, avec Pompidou, au centre droit, avec Poher). On explique l’effondrement du RN par le phénomène de la double abstention massive de son électorat, jeune et populaire. C’est un fait. Mais c’est un fait aussi que le RN, en se chiraquisant, en devenant chaque jour davantage incolore, inodore et sans saveur, n’a rien fait non plus pour capter ce double électorat et l’inciter à se déplacer pour voter. On peut toujours parler de phénomène social ou générationnel : il n’en reste pas moins que le RN a de commun avec la REM son manque d’implantation locale, à l’exception, pour le RN, de quelques territoires précis, qui ressemblent surtout à des maisons témoins… La gestion autoritariste et erratique du mouvement en est évidemment la cause principale. Mais aussi un discours politique évanescent et de plus en plus inaudible aux classes populaires. Marine Le Pen fut aux abonnés absents lors du mouvement des Gilets jaunes pour les mêmes raisons qu’elle s’abstient sur les questions sociétales : le refus de s’engager par peur de se laisser enfermer dans un quelconque discours. Elle ne s’aperçoit pas qu’elle ne peut que s’essouffler à courir après la respectabilité politicienne en affadissant son projet et que plus elle se dédiabolisera, plus elle sera diabolisée par les autre formations, qui verront désormais en elle, une possible concurrente sur leur pré-carré politicien.

    Que nos institutions ne soient plus capables de mobiliser les Français, c’est la seule leçon certaine que nous puissions tirer de l’abstention à ces élections départementales et régionales. Avec une seconde : les Français ne sont pas prêts à l’aventure, surtout si l’objet est mal identifié. Avec un Emmanuel Macron, un Xavier Bertrand ou un Laurent Wauquiez, ils sauront à peu près à quel abattoir ils seront conduits, et dans quelles conditions. C’est toujours plus rassurant, pour un peuple que l’on convainc chaque jour un peu plus qu’il sort inéluctablement de l’histoire.

    François Marcilhac

     

  • 10 avril 2018 - Jean-Yves Le Gallou à Béziers : "comment faire face à la tyrannie médiatique"

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    Le 29 mars dernier, Jean-Yves Le Gallou a accordé un entretien à TV Libertés. Vous pouvez visionner cet entretien ICI ou en cliquant sur la photo

     

    Avec l'élection d'Emmanuel Macron nous avons pu constater à quel point la presse joue dans la vie politique un rôle essentiel. Jean-Yves Le Gallou est un spécialiste reconnu de ce phénomène. Il nous fait le plaisir et l'honneur de venir nous entretenir de cette question fondamentale. Une conférence à ne pas rater.

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  • Totalement chrétien, totalement français, tel est le signe donné.

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    Par Hilaire de Crémiers - Politique magazine

    Le geste héroïque de celui qui est devenu le colonel Beltrame et qui est honoré par la France entière, comme il se doit, ne peut se comprendre dans sa radicalité que si on lui reconnaît son double caractère de chrétien et de patriote. Totalement chrétien, totalement français, tel est le signe donné.

    Les Français ne sont pas idiots ; ils ont compris ; et ceux qui savent – et ils sont plus nombreux qu’on ne le croit – n’ont pas pu s’empêcher d’immédiatement faire un rapprochement avec le père Maximilien Kolbe qui a échangé sa vie en 1941 dans le camp d’Auschwitz avec celle d’un père de famille condamné sur un choix arbitraire à périr de consomption.

    À Trèbes, Arnaud Beltrame a réussi à sauver une mère de famille.

    Les mêmes Français qui savent leur histoire malgré la pensée officielle, l’ont spontanément rattaché à cette longue lignée d’officiers et de soldats qui ont affronté l’adversaire face à face, dans la pure tradition chevaleresque, et qui sont la gloire de notre nation, tel un Hélie de Saint Marc pour qui Beltrame avait la plus grande admiration.

    L’homme était de cette trempe. Il vivait lui-même de pareils exemples. Il ne voulait servir naturellement que la France à qui il avait voué sa vie et, depuis quelques années, retrouvant la foi catholique, il s’apprêtait à donner surnaturellement toutes les preuves de l’engagement le plus profond que son mariage devait concrétiser au mois de juin prochain.

    Son parcours d’officier était exemplaire. Sorti major de sa promotion « campagne d’Italie », il avait choisi la gendarmerie où le service sur le terrain en France est permanent, et, là encore, il sortit major de l’école de Melun, promotion « capitaine Gauvenet » ; c’était en 2002. Dans toutes ses affectations, il a été reconnu par ses compagnons d’armes, ses supérieurs et ses subordonnés, comme un homme d’exception, toujours le premier au devoir, au service, au dévouement, à l’amitié. Sa carrure physique peu commune, apte à tous les combats et qu’il cultivait, correspondait à sa carrure morale, soignée par lui, et prête, elle aussi, à toutes les épreuves. Tous ses camarades ont parfaitement compris qu’avec une telle droiture, un tel courage, une telle maîtrise de soi, il ne pouvait faire que ce qu’il a fait. Son geste étonnant n’a pas étonné ceux qui le connaissaient.

    Le sacrifice est venu sceller sa vie et lui donner tout son sens. Sa famille, par son admirable discrétion, ne fait que confirmer la qualité de l’homme.

    C’est un signe pour la France, le signe qu’il lui faut, à cette heure précisément. Il est vain de le dissimuler. Tous les discours officiels, y compris les plus solennels et les plus lyriques, qui exaltent l’acte sans en dire la portée morale et spirituelle, n’en livrent pas la réelle signification. Mais il est vrai que, là aussi, il faut du courage pour l’exprimer, ne serait-ce qu’avec simplicité.

    Eh bien, c’est ce courage dont nous avons besoin. Face à un islamisme barbare qui multiplie les gestes ostentatoires de sa cruauté inhumaine, la France peut et doit opposer un signe révélateur de sa foi, de son espérance et de sa charité. Grâce soit rendue à Arnaud Beltrame. Colonel, merci !   ■

  • Le site Boulevard Voltaire pose les bonnes questions

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    Et si, pour redresser la France,

    on restaurait la monarchie ?

     

    À quoi bon confier le pouvoir à un gouvernant qui ne dispose pas des moyens juridiques de l’exercer ?

     

    Fouré Laure.jpg Laure Fouré

    Juriste

     

    Boulevard Voltaire

     

     

    Après le lamentable spectacle, tout d'abord des « primaires » de la droite et de la gauche, puis des présidentielles et législatives, comment ne pas se prendre à rêver d’un changement de régime puisque celui-ci, depuis des décennies, ne cesse de défaire la France ?

    Certes, le fondateur de la Ve République entendit restaurer notre cher et vieux pays en le dotant d’une Constitution propre à redonner une certaine autorité au chef de l’État, mais ses successeurs s’appliquèrent tant à dégrader la fonction, jusqu’à abandonner la souveraineté dont ils disposaient au profit de l’oligarchie européenne, qu’il ne nous reste aucun espoir de redressement sans un renouvellement profond des institutions qui nous régissent.

    Malgré l’affirmation incantatoire des « valeurs de la République », au contenu jamais défini mais qu’il faudrait respecter comme de nouvelles Tables de la Loi, les Français assistent impuissants à la décadence d’une nation dont le rayonnement illumina pourtant le monde jusqu’aux heures funestes de la Révolution de 1789, matrice des idéologies totalitaires qui ensanglantèrent le siècle dernier.

    Face à ce désastre, la France ne se redressera qu’en renouant avec la tradition multiséculaire qui correspond le mieux à la nature particulière de son peuple et aux vicissitudes de son histoire, selon la méthode de l’empirisme organisateur brillamment développée par Charles Maurras, à savoir une monarchie héréditaire garante d’un État fort délivré de l’emprise des partis qui divisent les citoyens en factions rivales et destructrices de l’unité nationale.

    Bien sûr, le retour du prince, que les Français pourraient désigner par référendum parmi les héritiers des Bourbons et des Orléans, ne constitue qu’un moyen et doit s’accompagner impérativement de la mise en place de nouvelles institutions, après dénonciation des différents traités qui ont progressivement confisqué les principaux attributs de notre souveraineté politique.

    En effet, il est indispensable de recouvrer notre indépendance, sans laquelle aucune réforme ne saurait être conduite efficacement : à quoi bon confier le pouvoir à un gouvernant qui ne dispose pas des moyens juridiques de l’exercer ?

    Grâce à cette nouvelle liberté d’action, le roi pourra redevenir le fédérateur des intérêts particuliers en vue du bien commun de l’ensemble des citoyens, incarner la continuité de l’État par la transmission héréditaire de la fonction et permettre au peuple français de reconquérir son identité à un moment de son histoire où celle-ci se trouve gravement menacée, tant par l’invasion migratoire de populations exogènes que par la colonisation culturelle et linguistique du monde anglo-saxon, plus particulièrement de l’empire américain.

    Comme le rappelle Patrick Buisson dans son dernier ouvrage, « l’idée que l’autorité politique ne constitue pas un dominium, un droit de propriété rapporté à un individu, mais un ministerium, un office exercé au nom de tous, est au cœur de la pensée occidentale. […] Cette vision de l’administration de la Cité aura d’abord été en France le propre de la monarchie, pour qui elle semble inséparable de la conception organiciste de la société qu’exprime Louis XIV dans son Mémoire pour l’instruction du dauphin rédigé en 1661 : “Car enfin, mon fils, nous devons considérer le bien de nos sujets bien plus que le nôtre propre”. » Seul un roi puisant sa légitimité dans l’Histoire est véritablement capable de servir « la cause du peuple ».

  • Macron n’avait pas de programme, Marin de Viry, oui!

     

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    Marin de Viry est un écrivain et critique littéraire français, membre du comité de direction de la Revue des deux Mondes. Il enseigne à Sciences Po Paris, dont il a été diplômé en 1988, et a été le conseiller en communication de Dominique de Villepin durant sa campagne pour l'élection présidentielle de 2012. Auteur du Matin des abrutis (éd. J.C. Lattès, 2008) et de Mémoires d'un snobé (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2012), il vient de publier Un Roi immédiatement (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

     

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la sortie d'Un Roi immédiatement, Marin de Viry a accordé un entretien au FigaroVox. L'écrivain et critique littéraire revient sur la crise politique qui traverse le pays et son attachement à une monarchie qui ne serait pas anti-républicaine.

     

    FIGAROVOX. - Votre livre pose un regard cruel sur le quinquennat Hollande. Vous l'avez vécu comme une épreuve?

    Marin de VIRY. - Comme une épreuve pour l'amour que je porte à mon pays, certainement. Cette épreuve a commencé depuis longtemps, et au fond elle est arrivée à son terme avec ce quinquennat: le pouvoir n'est plus capable de faire souffrir le pays, il a donné tout ce qu'il pouvait sur ce plan-là. Quand j'étais à Sciences Po au milieu des années 1980, on m'expliquait doctement que le meilleur régime possible, c'était la Cinquième République (avec des majuscules), pour les raisons historico-politiques que l'on sait, à laquelle il fallait nécessairement rajouter une couche de technocrates ayant intériorisé l'intérêt général, l'édifice étant complété par les partis politiques, qui avaient vocation à s'occuper de l'alternance. Laquelle consistait à mettre en œuvre une politique rocardo-barriste ou barro-rocardienne, suivant que le pays voulait plutôt un peu de mouvement ou un peu d'ordre. Cet immobilisme à trois têtes - institutions, partis, technocratie -, légèrement animé par l'alternance, ces moments d'effusion populaire, d'oscillations autorisées sous contrôle du système, nous a conduit dans le mur, dont je vous fais grâce de la description.

    Alors que ce bel édifice rationnel aurait dû nous conduire vers l'idéal d'une économie sociale de marché où tout aurait été à sa place dans une perspective de progrès continu, c'est la confusion des esprits sur fond de déroute morale, intellectuelle, économique et sociale, qui a régné pendant bientôt quarante ans. Sous François Hollande, il faut ajouter à cette confusion un facteur «de gauche» qui - je crains de le dire en raison de l'amour sincère que je porte à l'idée socialiste que je ne partage pas -, aggrave le tableau.

    C'est donc non seulement une épreuve patriotique, mais aussi une épreuve intellectuelle et politique. Intellectuelle, parce que le faux prétexte idiot du combat contre le fascisme - c'est-à-dire contre le Front National - a commencé en 1981 et que ça suffit, trente-cinq ans plus tard, de voir encore à l'œuvre cette procédure de mise en accusation automatique, que les «jeunes» appellent le «point Godwin» (si tu dis le premier le mot «facho» à ton adversaire, tu as gagné) qui a permis à la gauche de remplacer le principe de réalité par l'invective, et a substitué à la responsabilité une sorte de droit à faire n'importe quoi pourvu que l'intention soit sentimentalement correcte. Si je pleurniche au nom des plus hautes valeurs de l'homme, je suis exempté d'action et encore plus de résultat. A contrecourant des intérêts profonds de la société, une certaine gauche - pas la bonne, qui existe et que je vénère - a lutté de toutes ses forces contre l'intelligence, et donc l'altruisme véritable, avec probablement une forme de bonne conscience qui aggrave son cas. Résultat: Marine Le Pen est à nos portes. Bravo les gars!

    Vous considérez que plusieurs centaines milliers de Français ont le niveau pour remplacer nos actuels ministres. C'est le gouvernement pour tous?

    Prenez un des trente ou quarante ministres du gouvernement actuel, homme ou femme. Faites abstraction de son brushing, de sa tenue lookée, de son chauffeur, de son inoxydable confiance en lui-même, de sa science du tweet qui clashe, du fait qu'il a été nommé parce qu'il apporte au gouvernement le soutien théorique d'un sous-courant d'une coquille partisane désertée par l'esprit et par les militants depuis longtemps, et concentrez-vous sur sa contribution à l'intérêt général. Deux points: d'abord, elle est souvent objectivement très faible (quand elle n'est pas négative), et elle ne justifie pas cette débauche de moyens que l'on met à la disposition d'un ministre ; ensuite, vous vous demandez souvent pourquoi lui, ou pourquoi elle? Vous connaissez forcément deux ou trois personnes qui feraient mieux le travail, pour plusieurs raisons: ils ou elles ne connaissent pas seulement le monde à travers la vie d'un parti, laquelle est une vie tronquée, ratatinée, obscure, minuscule, avec quelque chose d'ingrat et d'hostile qui, à la longue, dissout les qualités et l'énergie de celui ou celle qui y fait carrière. Vos amis la connaissent mieux, la vie. Ils connaissent le risque, le vrai travail, l'art de prendre les décisions. Ils parlent et écrivent en français, pas dans cette espèce de volapuk qui déclasse tout le monde: celui qui parle et celles et ceux à qui il s'adresse. Bref, la société civile, si riche, est complètement laissée de côté.

    Emmanuel Macron avait souligné l'incomplétude du pouvoir. Diriez-vous que la politique souffre d'un manque d'incarnation?

    Comme dans un vieux film au ressort comique naïf, Emmanuel Macron lance une formule juste qui lui revient en boomerang. L'incomplétude, ça fait savant: nous sommes en terre d'épistémologie et de métaphysique. Dans sa version plus accessible, cette formule veut dire que le pouvoir n'épuise jamais les aspirations que les hommes mettent dans le pouvoir. C'est vrai. Et Macron, au fond, nous dit qu'il aspire à devenir cette frustration. Pour que le pouvoir soit complet, il lui faut un rapport à l'invisible. Le président d'une république laïque aura beau faire tout ce qu'il voudra, aller à la messe par exemple, il ne peut prétendre à incarner, justement, ce rapport.

    Quant à l'incarnation, ce n'est pas l'idée qui me vient à l'esprit quand je pense à Emmanuel Macron. Je pense plutôt à quelque chose de numérique, de codé, à des automatismes. Quand je l'écoute et le vois, je pense à Heidegger et à Bernanos: il y a chez lui quelque chose du robot, de l'âme de la technique. «C'est la technique qui se fait homme, par une sorte d'inversion du mystère de l'incarnation»… De mémoire, c'est de Bernanos.

    Vous décrivez une vie schizophrène entre business international et méditation historique. Est-ce à dire que nos existences recherchent l'unité?

    Nous vivons tous sous la dictature de la distraction pascalienne: toujours en dehors de nous-mêmes. Soit nous sommes devenus des athlètes du rassemblement de notre personne dans la vie intérieure, malgré les forces immenses qui cherchent à nous arracher définitivement à la réflexion, soit nous assumons d'être abrutis, stimulés de l'extérieur en permanence, sans jamais aucun rapport à soi. L'unité, c'est tout simplement le rapport à soi. Beaucoup s'éclatent, renoncent au rapport à soi. Le choix qui s'offre à nous est entre choisir la réalité enrichie par des écrans qui se mêlent de plus en plus à la trame même de notre activité psychique, et la vie intérieure.

    La monarchie est souvent considérée comme anachronique, tyrannique et vaguement ridicule. Vous assumez?

    Elle n'est pas anachronique par construction, selon moi, parce que j'associe la figure du roi à une nécessité permanente de la dimension politique de l'homme: faire communauté, et même assez mystérieusement faire éternité. Le roi, incarne la communauté «telle que l'éternité l'a conçue». L'éternité n'est jamais anachronique.

    Tyrannique: non, parce que ma conception de la monarchie est compatible avec la République, surtout en France, et même compatible avec un surcroît de démocratie. Plus il sacré, plus il est symbolique, c'est-à-dire qu'il assemble les deux morceaux - l'un visible, l'autre invisible - d'une même pièce, moins il est tyrannique.

    Ridicule… Si vous pensez aux manteaux de velours et aux visages bouffis des portraits officiels de la monarchie finissante, oui… Mais au fond des choses, le genre d'homme que la monarchie a en tête, c'est un mélange fait de chevaleresque et d'humanisme. Bayard et Montaigne. Lisez Romain Gary, et vous aurez un peu l'idéal-type de cet homme. La loyauté, mais l'indépendance, le courage mais l'humilité, l'amour du grand dans le sentiment de sa petitesse, et par-dessus tout, un homme qui se laisse guider par les puissances de la sympathie, qui élèvent toujours. Et non par celle de la haine pleine de bonne conscience, dont la fréquentation des médias nous donne l'exemple.

    Votre appel au roi est-il une esthétique, une nostalgie ou le fruit d'un raisonnement abouti?

    Je suis parti d'une expérience personnelle. Lors de mes études, à la demande de mes professeurs - notamment à Sciences Po - et d'une certaine partie de mon entourage, j'ai beaucoup étudié, admiré, intégré, compris l'idéal républicain. Je le trouve toujours aussi admirable. Simplement, je trouve plus complet et plus haut, en définitive, l'idéal monarchiste que j'avais en tête, dans ma prime jeunesse, par transmission et par ambiance familiales. La monarchie est associée dans mon esprit à ce qui était valorisé chez les hommes et les femmes dans une certaine conception de la société. La politesse, une forme de curiosité, une tournure d'esprit, une différenciation sexuelle qui favorise l'altérité sans attenter à l'égalité en dignité des deux genres, l'amour du bien commun, et la préférence pour l'harmonie, dont Balzac disait qu'elle était la poésie de l'ordre. Ces impressions ont repris le dessus. Je les crois humaines plus que personnelles. Je ne crois pas exprimer une différence, en préférant la monarchie, mais une forme d'évidence de la complétude, justement, d'une société qui a à sa tête un roi couronné, et un roi sacré.

    Je n'ai jamais compris - sauf quand j'avais affaire à des imbéciles, auquel cas l'explication venait de la déficience de mes interlocuteurs -, pourquoi la monarchie et la république étaient présentées comme émanant de principes opposés. Une des tentatives touchantes du règne de Louis-Philippe, pour lequel je n'ai aucune tendresse par ailleurs, mais aussi de la Troisième République, aura été de les réconcilier.

    Pourquoi le roi serait-il forcément catholique?

    Il existe une raison négative et des dizaines de raison positives pour que le roi de France soit catholique. La raison négative, c'est qu'il ne peut pas être autre chose, ou alors c'est un roi qui fait table rase de notre histoire et de notre culture, ce qui n'a aucun sens. Et les raisons positives peuvent tout simplement se déduire du constat que le catholicisme a opéré dans les esprits français, au cours des siècles, un miracle: transcender la violence aveugle, et prendre patiemment l'homme pour ce qu'il est - un être intelligent tenté de sacrifier des innocents - pour l'amener à construire la civilisation de l'amour. Ce projet a globalement réussi, mais le chef-d'œuvre est en péril. Avoir un roi catholique, c'est dire à nouveau que le pouvoir est fait pour ça: pour que chacun apporte sa pierre visible à un édifice invisible: la Jérusalem Céleste. Naturellement, cela n'empêche nullement la liberté de religion absolue, ni que les règles de neutralité dans l'espace public soient respectées.

     

    Édition Pierre-Guillaume de Roux

    18,50 €

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    Publié le 19 mars 2017 dans Causeur

    (Re)vive le roi!

     

    Morales Thomas.jpgLe constat est partagé par tous les citoyens lucides. La bassesse morale de notre société, sa cupidité dégoulinante de mièvres sentiments et son impudeur tapageuse, sont de puissants moteurs à l’abstention pour certains, à la fronde pour d’autres. Pour régler ce désordre, s’extraire d’un système aussi cadenassé que vérolé, Marin de Viry opte pour une France « catholique et royale » dans « Un roi immédiatement », un essai décomplexé paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Les bonnes consciences de Droite et de Gauche s’étoufferont à la lecture de ce plaidoyer pro-domo, en l’espèce la Maison de France, les autres liront avec délectation ce pamphlet féodal, pure souche, assez revigorant dans le paysage actuel.

    C’est du brutal ! A la fois drôle, provocant, d’une logique implacable, pétillant de références philosophiques et de vérités acides sur notre déplorable époque. La virtuosité intellectuelle de l’auteur ne doit pas masquer son cri de Terreur. Cette longue plainte qui prend sa source dans le dévoiement de nos Institutions, la pente fatale dans laquelle une classe politique dépassée et défaitiste nous a jetés par manque de courage et de vision, il y a maintenant plusieurs décennies. Aujourd’hui, le peuple sans idéal, englué dans le conformisme et l’argent tout puissant, cherche en vain son salut. Il erre dans la Démocratie sentant au plus profond de son âme, sa fragilité constitutionnelle et son absence de substrat. Les réseaux sociaux et les élections, ces deux faces d’une même pièce jouée d’avance, lui ont ôté toute volonté de transcendance. L’apathie règne et le débat prend la forme d’un simulacre. Alors, quand tout a lamentablement foiré, pourquoi pas un roi ? Pour nous amener (sans user de la torture) à cette solution politiquement très incorrecte, la mécanique de Viry et son style coruscant marchent à plein (ancien) régime. On suit les étapes progressives du désenchantement d’un homme qui a cru jadis aux vertus d’une République émancipatrice et qui déplore l’effondrement de ses valeurs, voire sa vacuité.

    Une exigence quasi-existentielle

    Sous le ton trompeur de la blague, Viry dépèce méthodiquement la bête médiatico-politique, toujours aussi satisfaite d’elle-même et dotée d’une arrogance crasse. Tout y passe : les communicants gourous, les partis liberticides, les pubards rigolards, les professeurs distributeurs de moraline, les journaux exsangues, les ministres hors-sol, enfin tous les agents démobilisateurs. L’écrivain en appelle non pas à un sursaut, plutôt à une sorte d’élévation, une exigence quasi-existentielle, il faudrait donc serrer les rangs autour de figures proscrites par les manuels scolaires, les valeureux Bayard, Jeanne ou Godefroy. « J’associe la monarchie à l’idée d’une liberté venue d’en haut, qui ne gêne pas la liberté venue d’en bas, la nôtre. J’associe la monarchie aux noces du grand et du petit. C’est-à-dire au bénéfice du petit », écrit-il. Il va même jusqu’à l’associer à « l’idée du bonheur personnel ». Derrière sa rhétorique jubilatoire qui dégomme tous les totems, la sincérité de son Te Deum cueille le lecteur quand il parle d’un roi « portier de l’invisible » ou quand il transgresse les images folkloriques de la monarchie pour ne conserver que cette passerelle vers « une communauté engagée dans l’histoire ». Ce livre révolutionnaire par sa forme et son propos commence par un échange de mails entre le narrateur-professeur et son étudiante, un condensé délirant de toutes nos tares. On en redemande, le règne du « sympa » supplanté par celui du « cool » dans les rapports humains démontre notre état palliatif. La meilleure définition du journalisme, lue depuis un bail, est la suivante : « dans sa version dévoyée, une industrie de séquençage, de formatage, et de distribution numérique des préjugés ». Fermez le ban ! S’en suit une conversation avec une ravissante collègue allemande, Brigit à la dialectique aussi redoutable que son anatomie. Chez Viry, le retour du roi peut s’opérer même dans la République, c’est un espoir à méditer. Et puis un livre qui fait référence à Aldo Maccione et au « Guépard » pour appuyer sa logique aura toujours mon adoubement !

    Thomas Morales
    Né en 1974, Thomas Morales est journaliste indépendant et écrivain

    Un roi immédiatement de Marin de Viry – Editions Pierre-Guillaume de Roux

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    Vous pouvez également prendre connaissance de l'article de Valeurs actuelles en cliquant ICI

  • Hilaire de Crémiers sur TV LIBERTES - A écouter

    Journaliste et éditorialiste reconnu, Hilaire de Crémiers est le directeur du mensuel Politique Magazine, né il y a plus de 15 ans !

    Autour d'un prestigieux comité de parrainage où figurent les noms de Jean des Cars, Jean Piat ou jean Sevillia. Politique Magazine apporte une vision pointue de la politique et de l'actualité culturelle. Il se détache d'autres journaux, comme Valeurs Actuelles, par une sensibilité monarchiste.

    Fort de ce marqueur, la revue ouvre ses pages au débat d'idées. L'éditorialiste dénonce volontiers le désordre qui s'est établi en France et en appelle à la restauration de l’État souverain.  Un point de vue développé avec beaucoup de finesse et de modération.

    Cet entretien a été enregistré avant les élections présidentielles. Il n'en est que plus passionnant.

     

    Cliquez sur l'image pour écouter cet entretien

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  • A vos agendas. Deux conférences de qualité

     Nous vous proposons aujourd'hui deux conférences à ne pas manquer :

    - Alain Vignal évoquera les soubresauts de Toulon sous la révolution

    - Pierre de Meuse parlera d'un sujet d'actualité "l'idéologie et les mécanismes électoraux

     

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    La causerie du 31 mai 2017 sera assurée par le professeur Alain Vignal et portera sur le thème :Toulon 1789-1795, les soubresauts d'une ville sous la Révolution.

    Dans une période de dilution de l'identité provençale, cette causerie sera l'occasion de renouer avec l'histoire trop oubliée de notre ville. Nous pourrons découvrir pourquoi nos anciens se révoltèrent contre la Convention républicaine; comment ils reconnurent le malheureux petit prisonnier de la tour du Temple comme Roi de France sous le nom de Louis XVII; pourquoi ils durent demander l'aide aux coalisés espagnols et anglais; comment - renouant avec leurs racines chrétiennes - les toulonnais se tournèrent vers la Vierge Marie... C'est a un véritable et nécessaire exercice de recouvrance de notre mémoire locale auquel le professeur Alain Vignal nous fera participer.

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  • Boulevard Voltaire : le « nouveau débat » : un roi pour la France ?

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    Montillet Philippe.jpgSi la campagne électorale rabaisse encore le niveau de la réflexion politique actuelle, quelques signes d’espoir nous sont pourtant donnés. Des pépites, malheureusement trop vite submergées dans le flot des banalités, sont apparues ces derniers temps.

    Le premier, Emmanuel Macron avait osé écrire que la France ne se remettait pas d’avoir perdu sa tête avec la mort du roi Louis XVI.

    Ces dernières semaines, un véritable mouvement d’idées novatrices a émergé. Pour la première fois depuis des décennies et venant de personnalités jusqu’alors étrangères à ce discours, une réflexion sur la monarchie a percé dans les médias.

    Ainsi, fin septembre ont été publiés une chronique de François Sureau dans La Croix, un portrait de l’héritier des rois de France par Yann Moix dans Paris Match et un dossier dans La Revue des deux mondes sur « La nostalgie du roi », qui pose la question de fond : qu’apporterait la monarchie à la France du XXIe siècle ?

    La République a pu faire illusion durant un temps, notamment au début de la IIIe République, lorsqu’elle a créé le récit national mêlant les monuments historiques, « nos ancêtres les Gaulois », symboles avec Vercingétorix de la naissance de la France sortant du monde romain et les grands personnages (Jeanne d’Arc, Henri IV et Louis XIV) ayant contribué à former l’État souverain. Mais peu à peu, tout cet édifice s’est fissuré avant de s’écrouler, comme le prouvent les réactions du ministre de l’Éducation nationale.

    Après le constat de la fin d’un temps, place à la reconstruction. Et si elle passait par un retour du roi ?

    Renouvelant complètement le discours en la matière, on s’interroge sur la légitimité du pouvoir et son partage, que la démocratie désormais ne garantit plus puisqu’elle est aux mains de puissances diverses – financières, médiatiques – qui n’ont rien à voir avec le bien commun. Mais aussi sur l’unité, l’identité et la représentation des peuples dont l’Ancien Régime a été un modèle, puisque tous pouvaient se reconnaître dans le roi de France, père de tous.

    On voit bien l’intérêt de cette reconnaissance unanime, que plusieurs auteurs comparent au rôle de la reine d’Angleterre vis-à-vis du Commonwealth. Ce qui manque le plus est une autorité incontestée et incontestable qui fasse l’unité et assure la pérennité du pays. Dès lors, la personnalité du roi importe moins que le symbole qu’il représente.

    Quant au pouvoir du roi, il n’est pas et ne doit pas être de même nature que celui des gouvernants du quotidien. Peu importe le taux de l’impôt ou celui de la TVA ; en revanche, il importe que l’impôt soit juste et la charge répartie équitablement.

    Le Président n’est plus qu’un chef de gouvernement. Ce n’est pas son rôle.

    La royauté française reposait sur un principe énoncé dès l’Antiquité : le partage du pouvoir entre majesté, autorité et pouvoir. Les trois ne doivent pas être interchangeables. Sous la monarchie absolue, ils étaient réunis plus ou moins dans la main du souverain, qui agissait de manière différente selon ses activités. Mais les historiens du droit savent bien que si majestas et auctoritas étaient sans conteste les attributs du roi, la potestas était, elle, largement partagée, et cela d’autant plus que les institutions se renforçaient. L’important est de maintenir la distinction et de retrouver la tripartition. Actuellement, majesté et autorité manquent cruellement et le corps social se délite, le sens commun s’étiole, les repères s’évanouissent et la société n’ose plus regarder vers l’avenir, prête à toutes les soumissions ou abandons.

    La France a pourtant les moyens de réagir. Sa famille royale est toujours incarnée. Il suffirait de rappeler le roi et de dire, avec Yann Moix : « Le roi est vivant. Vive le roi !

    Philippe Montillet

     

  • Hilaire de Crémiers : un rappel historique

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    Scandale ! parlons-en !

     

    Jamais campagne électorale pour l’élection présidentielle n’aura plongé la France aussi bas. Les Français ont de quoi être écœurés. Il est vrai que la République a toujours fait bon ménage avec les scandales : son histoire depuis l’origine en est jalonnée.

    Aussi nombreux que vite oubliés ! Qui se souvient encore du 6 février 1934 ? Le gouvernement de la République n’hésitait pas à faire tirer sur la foule qui s’était massée place de la Concorde en criant « à bas les voleurs » ! Aujourd’hui, dans ce qui reste du récit après la réécriture de l’histoire officielle, il n’est question que d’une tentative des « ligues » – factieuses et donc fascistes – de prendre le pouvoir. Prétexte en fut pris pour les dissoudre. La République était sauvée, l’histoire magnifiée ! Plus de « chéquards » comme au bon vieux temps de Panama, effacées les magouilles crapuleuses, « suicidé » l’escroc corrupteur Stavisky ; quant au conseiller Prince, fort proprement écrasé par un train, il ne parlerait plus.

    Modèle de toutes les « affaires » de la République, chef-d’œuvre d’exécution où les services de l’inspecteur Bonny, barbouze de la République et futur agent de la Gestapo, en connivence avec le Parquet, furent au niveau de l’exigence républicaine. Dame, on ne badine pas avec la vertu ! Comme chacun l’a appris avec Montesquieu, elle est le ressort essentiel de la République. La République, qui ne se démonte jamais devant les scandales, s’effondrera six ans plus tard dans le plus grand désastre de l’histoire de France. Signe avant-coureur…

    Toutes les républiques à travers le monde et à travers les temps furent, sont et seront, de fait, des oligarchies. C’est le plus incontestable des constats. La première duperie consiste à se servir de la notion abstraite de peuple pour en ravir la représentation et en capter ainsi la souveraineté. Au nom de quoi il est possible d’être les maîtres. Et la corruption devient la règle du jeu de dupes. C’est tellement simple à comprendre. Faut-il s’étonner de ce que l’on apprend du scandale Odebrecht qui secoue l’Amérique du Sud ? Qui peut y échapper ? Ni les USA, ni la Chine, ni la Russie, ni les Républiques de l’est de l’Europe, ni l’Italie… La liste peut continuer. Où est la morale dans tout ça ? Et, franchement, à quoi sert de brandir la morale ?

    Et la France ? « Exemplaire », « irréprochable », la République française ? Allons donc ! Ce qu’on appelle l’affaire Fillon ou l’affaire Le Pen, ce n’est rien, même si c’est distillé à longueur de jours. Nos démocrates patentés feraient mieux de relire leur histoire…

    Le vrai scandale, ici, consiste dans l’instrumentalisation évidente desdites affaires : presse, police, justice, pouvoir politique en connivence totale ! Pas besoin de complot, ni même de cabinet noir. Tout est concerté en raison d’une  complicité supérieure. Ce fut la pratique de tout le quinquennat d’Hollande comme le montre, d’ailleurs non exhaustivement, le livre qui vient de paraître Bienvenue Place Beauvau, écrit par des journalistes de gauche.

    Le chef de l’État place ses affidés partout, autant qu’il peut aux postes-clefs. Avant son  départ, il les recase. Il ne se dévoue pas aux intérêts de la nation dont il s’amuse comme un adolescent attardé et dont il livre les secrets d’État, ainsi que l’a révélé Un président de devrait pas dire ça. Il ne s’occupe, en fait, que du pouvoir, la seule chose qui l’ait jamais intéressé. Le pouvoir, ses combines, ses avantages. Il y a introduit ses hommes et femmes-liges, ses copains, ses maîtresses qui ont profité de toutes les largesses de l’État au plus haut sommet. Anathématisant dans ses discours de candidat les puissances d’argent, il s’en est servi surabondamment. Les Niel, les Pigasse, les Bergé, les Drahi, entre autres, ont acheté une grande partie de la presse et des médias, bien sûr de gauche, pour les mettre à son service ; maintenant ils veulent choisir son successeur en la personne de Macron. Toutes les « lois Hollande », toute sa politique trouvent là leur explication.

    Au fait, qui était son trésorier de campagne en 2012 ? Encore un ami de promotion, Jean-Jacques Augier. Ce monsieur avait à l’époque deux comptes aux îles Caïmans. Pour quelles activités ? Aucune enquête n’a été menée ; Mediapart ne s’est pas penché sur le cas. Et pour cause… Il était préférable de traiter le cas Cahuzac, plus avantageux aussi. L’affaire n’a pas été relayée. Politique magazine est le seul journal qui ait insisté sur cette formidable incongruité. Vous avez dit scandale ?

    Hilaire de crémiers