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le midi blanc - Page 4

  • Catégories : Monarchie

    Le site Boulevard Voltaire pose les bonnes questions

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    Et si, pour redresser la France,

    on restaurait la monarchie ?

     

    À quoi bon confier le pouvoir à un gouvernant qui ne dispose pas des moyens juridiques de l’exercer ?

     

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    Juriste

     

    Boulevard Voltaire

     

     

    Après le lamentable spectacle, tout d'abord des « primaires » de la droite et de la gauche, puis des présidentielles et législatives, comment ne pas se prendre à rêver d’un changement de régime puisque celui-ci, depuis des décennies, ne cesse de défaire la France ?

    Certes, le fondateur de la Ve République entendit restaurer notre cher et vieux pays en le dotant d’une Constitution propre à redonner une certaine autorité au chef de l’État, mais ses successeurs s’appliquèrent tant à dégrader la fonction, jusqu’à abandonner la souveraineté dont ils disposaient au profit de l’oligarchie européenne, qu’il ne nous reste aucun espoir de redressement sans un renouvellement profond des institutions qui nous régissent.

    Malgré l’affirmation incantatoire des « valeurs de la République », au contenu jamais défini mais qu’il faudrait respecter comme de nouvelles Tables de la Loi, les Français assistent impuissants à la décadence d’une nation dont le rayonnement illumina pourtant le monde jusqu’aux heures funestes de la Révolution de 1789, matrice des idéologies totalitaires qui ensanglantèrent le siècle dernier.

    Face à ce désastre, la France ne se redressera qu’en renouant avec la tradition multiséculaire qui correspond le mieux à la nature particulière de son peuple et aux vicissitudes de son histoire, selon la méthode de l’empirisme organisateur brillamment développée par Charles Maurras, à savoir une monarchie héréditaire garante d’un État fort délivré de l’emprise des partis qui divisent les citoyens en factions rivales et destructrices de l’unité nationale.

    Bien sûr, le retour du prince, que les Français pourraient désigner par référendum parmi les héritiers des Bourbons et des Orléans, ne constitue qu’un moyen et doit s’accompagner impérativement de la mise en place de nouvelles institutions, après dénonciation des différents traités qui ont progressivement confisqué les principaux attributs de notre souveraineté politique.

    En effet, il est indispensable de recouvrer notre indépendance, sans laquelle aucune réforme ne saurait être conduite efficacement : à quoi bon confier le pouvoir à un gouvernant qui ne dispose pas des moyens juridiques de l’exercer ?

    Grâce à cette nouvelle liberté d’action, le roi pourra redevenir le fédérateur des intérêts particuliers en vue du bien commun de l’ensemble des citoyens, incarner la continuité de l’État par la transmission héréditaire de la fonction et permettre au peuple français de reconquérir son identité à un moment de son histoire où celle-ci se trouve gravement menacée, tant par l’invasion migratoire de populations exogènes que par la colonisation culturelle et linguistique du monde anglo-saxon, plus particulièrement de l’empire américain.

    Comme le rappelle Patrick Buisson dans son dernier ouvrage, « l’idée que l’autorité politique ne constitue pas un dominium, un droit de propriété rapporté à un individu, mais un ministerium, un office exercé au nom de tous, est au cœur de la pensée occidentale. […] Cette vision de l’administration de la Cité aura d’abord été en France le propre de la monarchie, pour qui elle semble inséparable de la conception organiciste de la société qu’exprime Louis XIV dans son Mémoire pour l’instruction du dauphin rédigé en 1661 : “Car enfin, mon fils, nous devons considérer le bien de nos sujets bien plus que le nôtre propre”. » Seul un roi puisant sa légitimité dans l’Histoire est véritablement capable de servir « la cause du peuple ».

  • Catégories : Livres, Monarchie

    Macron n’avait pas de programme, Marin de Viry, oui!

     

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    Marin de Viry est un écrivain et critique littéraire français, membre du comité de direction de la Revue des deux Mondes. Il enseigne à Sciences Po Paris, dont il a été diplômé en 1988, et a été le conseiller en communication de Dominique de Villepin durant sa campagne pour l'élection présidentielle de 2012. Auteur du Matin des abrutis (éd. J.C. Lattès, 2008) et de Mémoires d'un snobé (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2012), il vient de publier Un Roi immédiatement (éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2017).

     

     

    FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la sortie d'Un Roi immédiatement, Marin de Viry a accordé un entretien au FigaroVox. L'écrivain et critique littéraire revient sur la crise politique qui traverse le pays et son attachement à une monarchie qui ne serait pas anti-républicaine.

     

    FIGAROVOX. - Votre livre pose un regard cruel sur le quinquennat Hollande. Vous l'avez vécu comme une épreuve?

    Marin de VIRY. - Comme une épreuve pour l'amour que je porte à mon pays, certainement. Cette épreuve a commencé depuis longtemps, et au fond elle est arrivée à son terme avec ce quinquennat: le pouvoir n'est plus capable de faire souffrir le pays, il a donné tout ce qu'il pouvait sur ce plan-là. Quand j'étais à Sciences Po au milieu des années 1980, on m'expliquait doctement que le meilleur régime possible, c'était la Cinquième République (avec des majuscules), pour les raisons historico-politiques que l'on sait, à laquelle il fallait nécessairement rajouter une couche de technocrates ayant intériorisé l'intérêt général, l'édifice étant complété par les partis politiques, qui avaient vocation à s'occuper de l'alternance. Laquelle consistait à mettre en œuvre une politique rocardo-barriste ou barro-rocardienne, suivant que le pays voulait plutôt un peu de mouvement ou un peu d'ordre. Cet immobilisme à trois têtes - institutions, partis, technocratie -, légèrement animé par l'alternance, ces moments d'effusion populaire, d'oscillations autorisées sous contrôle du système, nous a conduit dans le mur, dont je vous fais grâce de la description.

    Alors que ce bel édifice rationnel aurait dû nous conduire vers l'idéal d'une économie sociale de marché où tout aurait été à sa place dans une perspective de progrès continu, c'est la confusion des esprits sur fond de déroute morale, intellectuelle, économique et sociale, qui a régné pendant bientôt quarante ans. Sous François Hollande, il faut ajouter à cette confusion un facteur «de gauche» qui - je crains de le dire en raison de l'amour sincère que je porte à l'idée socialiste que je ne partage pas -, aggrave le tableau.

    C'est donc non seulement une épreuve patriotique, mais aussi une épreuve intellectuelle et politique. Intellectuelle, parce que le faux prétexte idiot du combat contre le fascisme - c'est-à-dire contre le Front National - a commencé en 1981 et que ça suffit, trente-cinq ans plus tard, de voir encore à l'œuvre cette procédure de mise en accusation automatique, que les «jeunes» appellent le «point Godwin» (si tu dis le premier le mot «facho» à ton adversaire, tu as gagné) qui a permis à la gauche de remplacer le principe de réalité par l'invective, et a substitué à la responsabilité une sorte de droit à faire n'importe quoi pourvu que l'intention soit sentimentalement correcte. Si je pleurniche au nom des plus hautes valeurs de l'homme, je suis exempté d'action et encore plus de résultat. A contrecourant des intérêts profonds de la société, une certaine gauche - pas la bonne, qui existe et que je vénère - a lutté de toutes ses forces contre l'intelligence, et donc l'altruisme véritable, avec probablement une forme de bonne conscience qui aggrave son cas. Résultat: Marine Le Pen est à nos portes. Bravo les gars!

    Vous considérez que plusieurs centaines milliers de Français ont le niveau pour remplacer nos actuels ministres. C'est le gouvernement pour tous?

    Prenez un des trente ou quarante ministres du gouvernement actuel, homme ou femme. Faites abstraction de son brushing, de sa tenue lookée, de son chauffeur, de son inoxydable confiance en lui-même, de sa science du tweet qui clashe, du fait qu'il a été nommé parce qu'il apporte au gouvernement le soutien théorique d'un sous-courant d'une coquille partisane désertée par l'esprit et par les militants depuis longtemps, et concentrez-vous sur sa contribution à l'intérêt général. Deux points: d'abord, elle est souvent objectivement très faible (quand elle n'est pas négative), et elle ne justifie pas cette débauche de moyens que l'on met à la disposition d'un ministre ; ensuite, vous vous demandez souvent pourquoi lui, ou pourquoi elle? Vous connaissez forcément deux ou trois personnes qui feraient mieux le travail, pour plusieurs raisons: ils ou elles ne connaissent pas seulement le monde à travers la vie d'un parti, laquelle est une vie tronquée, ratatinée, obscure, minuscule, avec quelque chose d'ingrat et d'hostile qui, à la longue, dissout les qualités et l'énergie de celui ou celle qui y fait carrière. Vos amis la connaissent mieux, la vie. Ils connaissent le risque, le vrai travail, l'art de prendre les décisions. Ils parlent et écrivent en français, pas dans cette espèce de volapuk qui déclasse tout le monde: celui qui parle et celles et ceux à qui il s'adresse. Bref, la société civile, si riche, est complètement laissée de côté.

    Emmanuel Macron avait souligné l'incomplétude du pouvoir. Diriez-vous que la politique souffre d'un manque d'incarnation?

    Comme dans un vieux film au ressort comique naïf, Emmanuel Macron lance une formule juste qui lui revient en boomerang. L'incomplétude, ça fait savant: nous sommes en terre d'épistémologie et de métaphysique. Dans sa version plus accessible, cette formule veut dire que le pouvoir n'épuise jamais les aspirations que les hommes mettent dans le pouvoir. C'est vrai. Et Macron, au fond, nous dit qu'il aspire à devenir cette frustration. Pour que le pouvoir soit complet, il lui faut un rapport à l'invisible. Le président d'une république laïque aura beau faire tout ce qu'il voudra, aller à la messe par exemple, il ne peut prétendre à incarner, justement, ce rapport.

    Quant à l'incarnation, ce n'est pas l'idée qui me vient à l'esprit quand je pense à Emmanuel Macron. Je pense plutôt à quelque chose de numérique, de codé, à des automatismes. Quand je l'écoute et le vois, je pense à Heidegger et à Bernanos: il y a chez lui quelque chose du robot, de l'âme de la technique. «C'est la technique qui se fait homme, par une sorte d'inversion du mystère de l'incarnation»… De mémoire, c'est de Bernanos.

    Vous décrivez une vie schizophrène entre business international et méditation historique. Est-ce à dire que nos existences recherchent l'unité?

    Nous vivons tous sous la dictature de la distraction pascalienne: toujours en dehors de nous-mêmes. Soit nous sommes devenus des athlètes du rassemblement de notre personne dans la vie intérieure, malgré les forces immenses qui cherchent à nous arracher définitivement à la réflexion, soit nous assumons d'être abrutis, stimulés de l'extérieur en permanence, sans jamais aucun rapport à soi. L'unité, c'est tout simplement le rapport à soi. Beaucoup s'éclatent, renoncent au rapport à soi. Le choix qui s'offre à nous est entre choisir la réalité enrichie par des écrans qui se mêlent de plus en plus à la trame même de notre activité psychique, et la vie intérieure.

    La monarchie est souvent considérée comme anachronique, tyrannique et vaguement ridicule. Vous assumez?

    Elle n'est pas anachronique par construction, selon moi, parce que j'associe la figure du roi à une nécessité permanente de la dimension politique de l'homme: faire communauté, et même assez mystérieusement faire éternité. Le roi, incarne la communauté «telle que l'éternité l'a conçue». L'éternité n'est jamais anachronique.

    Tyrannique: non, parce que ma conception de la monarchie est compatible avec la République, surtout en France, et même compatible avec un surcroît de démocratie. Plus il sacré, plus il est symbolique, c'est-à-dire qu'il assemble les deux morceaux - l'un visible, l'autre invisible - d'une même pièce, moins il est tyrannique.

    Ridicule… Si vous pensez aux manteaux de velours et aux visages bouffis des portraits officiels de la monarchie finissante, oui… Mais au fond des choses, le genre d'homme que la monarchie a en tête, c'est un mélange fait de chevaleresque et d'humanisme. Bayard et Montaigne. Lisez Romain Gary, et vous aurez un peu l'idéal-type de cet homme. La loyauté, mais l'indépendance, le courage mais l'humilité, l'amour du grand dans le sentiment de sa petitesse, et par-dessus tout, un homme qui se laisse guider par les puissances de la sympathie, qui élèvent toujours. Et non par celle de la haine pleine de bonne conscience, dont la fréquentation des médias nous donne l'exemple.

    Votre appel au roi est-il une esthétique, une nostalgie ou le fruit d'un raisonnement abouti?

    Je suis parti d'une expérience personnelle. Lors de mes études, à la demande de mes professeurs - notamment à Sciences Po - et d'une certaine partie de mon entourage, j'ai beaucoup étudié, admiré, intégré, compris l'idéal républicain. Je le trouve toujours aussi admirable. Simplement, je trouve plus complet et plus haut, en définitive, l'idéal monarchiste que j'avais en tête, dans ma prime jeunesse, par transmission et par ambiance familiales. La monarchie est associée dans mon esprit à ce qui était valorisé chez les hommes et les femmes dans une certaine conception de la société. La politesse, une forme de curiosité, une tournure d'esprit, une différenciation sexuelle qui favorise l'altérité sans attenter à l'égalité en dignité des deux genres, l'amour du bien commun, et la préférence pour l'harmonie, dont Balzac disait qu'elle était la poésie de l'ordre. Ces impressions ont repris le dessus. Je les crois humaines plus que personnelles. Je ne crois pas exprimer une différence, en préférant la monarchie, mais une forme d'évidence de la complétude, justement, d'une société qui a à sa tête un roi couronné, et un roi sacré.

    Je n'ai jamais compris - sauf quand j'avais affaire à des imbéciles, auquel cas l'explication venait de la déficience de mes interlocuteurs -, pourquoi la monarchie et la république étaient présentées comme émanant de principes opposés. Une des tentatives touchantes du règne de Louis-Philippe, pour lequel je n'ai aucune tendresse par ailleurs, mais aussi de la Troisième République, aura été de les réconcilier.

    Pourquoi le roi serait-il forcément catholique?

    Il existe une raison négative et des dizaines de raison positives pour que le roi de France soit catholique. La raison négative, c'est qu'il ne peut pas être autre chose, ou alors c'est un roi qui fait table rase de notre histoire et de notre culture, ce qui n'a aucun sens. Et les raisons positives peuvent tout simplement se déduire du constat que le catholicisme a opéré dans les esprits français, au cours des siècles, un miracle: transcender la violence aveugle, et prendre patiemment l'homme pour ce qu'il est - un être intelligent tenté de sacrifier des innocents - pour l'amener à construire la civilisation de l'amour. Ce projet a globalement réussi, mais le chef-d'œuvre est en péril. Avoir un roi catholique, c'est dire à nouveau que le pouvoir est fait pour ça: pour que chacun apporte sa pierre visible à un édifice invisible: la Jérusalem Céleste. Naturellement, cela n'empêche nullement la liberté de religion absolue, ni que les règles de neutralité dans l'espace public soient respectées.

     

    Édition Pierre-Guillaume de Roux

    18,50 €

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    Publié le 19 mars 2017 dans Causeur

    (Re)vive le roi!

     

    Morales Thomas.jpgLe constat est partagé par tous les citoyens lucides. La bassesse morale de notre société, sa cupidité dégoulinante de mièvres sentiments et son impudeur tapageuse, sont de puissants moteurs à l’abstention pour certains, à la fronde pour d’autres. Pour régler ce désordre, s’extraire d’un système aussi cadenassé que vérolé, Marin de Viry opte pour une France « catholique et royale » dans « Un roi immédiatement », un essai décomplexé paru aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Les bonnes consciences de Droite et de Gauche s’étoufferont à la lecture de ce plaidoyer pro-domo, en l’espèce la Maison de France, les autres liront avec délectation ce pamphlet féodal, pure souche, assez revigorant dans le paysage actuel.

    C’est du brutal ! A la fois drôle, provocant, d’une logique implacable, pétillant de références philosophiques et de vérités acides sur notre déplorable époque. La virtuosité intellectuelle de l’auteur ne doit pas masquer son cri de Terreur. Cette longue plainte qui prend sa source dans le dévoiement de nos Institutions, la pente fatale dans laquelle une classe politique dépassée et défaitiste nous a jetés par manque de courage et de vision, il y a maintenant plusieurs décennies. Aujourd’hui, le peuple sans idéal, englué dans le conformisme et l’argent tout puissant, cherche en vain son salut. Il erre dans la Démocratie sentant au plus profond de son âme, sa fragilité constitutionnelle et son absence de substrat. Les réseaux sociaux et les élections, ces deux faces d’une même pièce jouée d’avance, lui ont ôté toute volonté de transcendance. L’apathie règne et le débat prend la forme d’un simulacre. Alors, quand tout a lamentablement foiré, pourquoi pas un roi ? Pour nous amener (sans user de la torture) à cette solution politiquement très incorrecte, la mécanique de Viry et son style coruscant marchent à plein (ancien) régime. On suit les étapes progressives du désenchantement d’un homme qui a cru jadis aux vertus d’une République émancipatrice et qui déplore l’effondrement de ses valeurs, voire sa vacuité.

    Une exigence quasi-existentielle

    Sous le ton trompeur de la blague, Viry dépèce méthodiquement la bête médiatico-politique, toujours aussi satisfaite d’elle-même et dotée d’une arrogance crasse. Tout y passe : les communicants gourous, les partis liberticides, les pubards rigolards, les professeurs distributeurs de moraline, les journaux exsangues, les ministres hors-sol, enfin tous les agents démobilisateurs. L’écrivain en appelle non pas à un sursaut, plutôt à une sorte d’élévation, une exigence quasi-existentielle, il faudrait donc serrer les rangs autour de figures proscrites par les manuels scolaires, les valeureux Bayard, Jeanne ou Godefroy. « J’associe la monarchie à l’idée d’une liberté venue d’en haut, qui ne gêne pas la liberté venue d’en bas, la nôtre. J’associe la monarchie aux noces du grand et du petit. C’est-à-dire au bénéfice du petit », écrit-il. Il va même jusqu’à l’associer à « l’idée du bonheur personnel ». Derrière sa rhétorique jubilatoire qui dégomme tous les totems, la sincérité de son Te Deum cueille le lecteur quand il parle d’un roi « portier de l’invisible » ou quand il transgresse les images folkloriques de la monarchie pour ne conserver que cette passerelle vers « une communauté engagée dans l’histoire ». Ce livre révolutionnaire par sa forme et son propos commence par un échange de mails entre le narrateur-professeur et son étudiante, un condensé délirant de toutes nos tares. On en redemande, le règne du « sympa » supplanté par celui du « cool » dans les rapports humains démontre notre état palliatif. La meilleure définition du journalisme, lue depuis un bail, est la suivante : « dans sa version dévoyée, une industrie de séquençage, de formatage, et de distribution numérique des préjugés ». Fermez le ban ! S’en suit une conversation avec une ravissante collègue allemande, Brigit à la dialectique aussi redoutable que son anatomie. Chez Viry, le retour du roi peut s’opérer même dans la République, c’est un espoir à méditer. Et puis un livre qui fait référence à Aldo Maccione et au « Guépard » pour appuyer sa logique aura toujours mon adoubement !

    Thomas Morales
    Né en 1974, Thomas Morales est journaliste indépendant et écrivain

    Un roi immédiatement de Marin de Viry – Editions Pierre-Guillaume de Roux

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    Vous pouvez également prendre connaissance de l'article de Valeurs actuelles en cliquant ICI

  • Catégories : Politique magazine

    Hilaire de Crémiers sur TV LIBERTES - A écouter

    Journaliste et éditorialiste reconnu, Hilaire de Crémiers est le directeur du mensuel Politique Magazine, né il y a plus de 15 ans !

    Autour d'un prestigieux comité de parrainage où figurent les noms de Jean des Cars, Jean Piat ou jean Sevillia. Politique Magazine apporte une vision pointue de la politique et de l'actualité culturelle. Il se détache d'autres journaux, comme Valeurs Actuelles, par une sensibilité monarchiste.

    Fort de ce marqueur, la revue ouvre ses pages au débat d'idées. L'éditorialiste dénonce volontiers le désordre qui s'est établi en France et en appelle à la restauration de l’État souverain.  Un point de vue développé avec beaucoup de finesse et de modération.

    Cet entretien a été enregistré avant les élections présidentielles. Il n'en est que plus passionnant.

     

    Cliquez sur l'image pour écouter cet entretien

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  • Catégories : Conférences

    A vos agendas. Deux conférences de qualité

     Nous vous proposons aujourd'hui deux conférences à ne pas manquer :

    - Alain Vignal évoquera les soubresauts de Toulon sous la révolution

    - Pierre de Meuse parlera d'un sujet d'actualité "l'idéologie et les mécanismes électoraux

     

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    La causerie du 31 mai 2017 sera assurée par le professeur Alain Vignal et portera sur le thème :Toulon 1789-1795, les soubresauts d'une ville sous la Révolution.

    Dans une période de dilution de l'identité provençale, cette causerie sera l'occasion de renouer avec l'histoire trop oubliée de notre ville. Nous pourrons découvrir pourquoi nos anciens se révoltèrent contre la Convention républicaine; comment ils reconnurent le malheureux petit prisonnier de la tour du Temple comme Roi de France sous le nom de Louis XVII; pourquoi ils durent demander l'aide aux coalisés espagnols et anglais; comment - renouant avec leurs racines chrétiennes - les toulonnais se tournèrent vers la Vierge Marie... C'est a un véritable et nécessaire exercice de recouvrance de notre mémoire locale auquel le professeur Alain Vignal nous fera participer.

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  • Boulevard Voltaire : le « nouveau débat » : un roi pour la France ?

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    Montillet Philippe.jpgSi la campagne électorale rabaisse encore le niveau de la réflexion politique actuelle, quelques signes d’espoir nous sont pourtant donnés. Des pépites, malheureusement trop vite submergées dans le flot des banalités, sont apparues ces derniers temps.

    Le premier, Emmanuel Macron avait osé écrire que la France ne se remettait pas d’avoir perdu sa tête avec la mort du roi Louis XVI.

    Ces dernières semaines, un véritable mouvement d’idées novatrices a émergé. Pour la première fois depuis des décennies et venant de personnalités jusqu’alors étrangères à ce discours, une réflexion sur la monarchie a percé dans les médias.

    Ainsi, fin septembre ont été publiés une chronique de François Sureau dans La Croix, un portrait de l’héritier des rois de France par Yann Moix dans Paris Match et un dossier dans La Revue des deux mondes sur « La nostalgie du roi », qui pose la question de fond : qu’apporterait la monarchie à la France du XXIe siècle ?

    La République a pu faire illusion durant un temps, notamment au début de la IIIe République, lorsqu’elle a créé le récit national mêlant les monuments historiques, « nos ancêtres les Gaulois », symboles avec Vercingétorix de la naissance de la France sortant du monde romain et les grands personnages (Jeanne d’Arc, Henri IV et Louis XIV) ayant contribué à former l’État souverain. Mais peu à peu, tout cet édifice s’est fissuré avant de s’écrouler, comme le prouvent les réactions du ministre de l’Éducation nationale.

    Après le constat de la fin d’un temps, place à la reconstruction. Et si elle passait par un retour du roi ?

    Renouvelant complètement le discours en la matière, on s’interroge sur la légitimité du pouvoir et son partage, que la démocratie désormais ne garantit plus puisqu’elle est aux mains de puissances diverses – financières, médiatiques – qui n’ont rien à voir avec le bien commun. Mais aussi sur l’unité, l’identité et la représentation des peuples dont l’Ancien Régime a été un modèle, puisque tous pouvaient se reconnaître dans le roi de France, père de tous.

    On voit bien l’intérêt de cette reconnaissance unanime, que plusieurs auteurs comparent au rôle de la reine d’Angleterre vis-à-vis du Commonwealth. Ce qui manque le plus est une autorité incontestée et incontestable qui fasse l’unité et assure la pérennité du pays. Dès lors, la personnalité du roi importe moins que le symbole qu’il représente.

    Quant au pouvoir du roi, il n’est pas et ne doit pas être de même nature que celui des gouvernants du quotidien. Peu importe le taux de l’impôt ou celui de la TVA ; en revanche, il importe que l’impôt soit juste et la charge répartie équitablement.

    Le Président n’est plus qu’un chef de gouvernement. Ce n’est pas son rôle.

    La royauté française reposait sur un principe énoncé dès l’Antiquité : le partage du pouvoir entre majesté, autorité et pouvoir. Les trois ne doivent pas être interchangeables. Sous la monarchie absolue, ils étaient réunis plus ou moins dans la main du souverain, qui agissait de manière différente selon ses activités. Mais les historiens du droit savent bien que si majestas et auctoritas étaient sans conteste les attributs du roi, la potestas était, elle, largement partagée, et cela d’autant plus que les institutions se renforçaient. L’important est de maintenir la distinction et de retrouver la tripartition. Actuellement, majesté et autorité manquent cruellement et le corps social se délite, le sens commun s’étiole, les repères s’évanouissent et la société n’ose plus regarder vers l’avenir, prête à toutes les soumissions ou abandons.

    La France a pourtant les moyens de réagir. Sa famille royale est toujours incarnée. Il suffirait de rappeler le roi et de dire, avec Yann Moix : « Le roi est vivant. Vive le roi !

    Philippe Montillet

     

  • Hilaire de Crémiers : un rappel historique

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    Scandale ! parlons-en !

     

    Jamais campagne électorale pour l’élection présidentielle n’aura plongé la France aussi bas. Les Français ont de quoi être écœurés. Il est vrai que la République a toujours fait bon ménage avec les scandales : son histoire depuis l’origine en est jalonnée.

    Aussi nombreux que vite oubliés ! Qui se souvient encore du 6 février 1934 ? Le gouvernement de la République n’hésitait pas à faire tirer sur la foule qui s’était massée place de la Concorde en criant « à bas les voleurs » ! Aujourd’hui, dans ce qui reste du récit après la réécriture de l’histoire officielle, il n’est question que d’une tentative des « ligues » – factieuses et donc fascistes – de prendre le pouvoir. Prétexte en fut pris pour les dissoudre. La République était sauvée, l’histoire magnifiée ! Plus de « chéquards » comme au bon vieux temps de Panama, effacées les magouilles crapuleuses, « suicidé » l’escroc corrupteur Stavisky ; quant au conseiller Prince, fort proprement écrasé par un train, il ne parlerait plus.

    Modèle de toutes les « affaires » de la République, chef-d’œuvre d’exécution où les services de l’inspecteur Bonny, barbouze de la République et futur agent de la Gestapo, en connivence avec le Parquet, furent au niveau de l’exigence républicaine. Dame, on ne badine pas avec la vertu ! Comme chacun l’a appris avec Montesquieu, elle est le ressort essentiel de la République. La République, qui ne se démonte jamais devant les scandales, s’effondrera six ans plus tard dans le plus grand désastre de l’histoire de France. Signe avant-coureur…

    Toutes les républiques à travers le monde et à travers les temps furent, sont et seront, de fait, des oligarchies. C’est le plus incontestable des constats. La première duperie consiste à se servir de la notion abstraite de peuple pour en ravir la représentation et en capter ainsi la souveraineté. Au nom de quoi il est possible d’être les maîtres. Et la corruption devient la règle du jeu de dupes. C’est tellement simple à comprendre. Faut-il s’étonner de ce que l’on apprend du scandale Odebrecht qui secoue l’Amérique du Sud ? Qui peut y échapper ? Ni les USA, ni la Chine, ni la Russie, ni les Républiques de l’est de l’Europe, ni l’Italie… La liste peut continuer. Où est la morale dans tout ça ? Et, franchement, à quoi sert de brandir la morale ?

    Et la France ? « Exemplaire », « irréprochable », la République française ? Allons donc ! Ce qu’on appelle l’affaire Fillon ou l’affaire Le Pen, ce n’est rien, même si c’est distillé à longueur de jours. Nos démocrates patentés feraient mieux de relire leur histoire…

    Le vrai scandale, ici, consiste dans l’instrumentalisation évidente desdites affaires : presse, police, justice, pouvoir politique en connivence totale ! Pas besoin de complot, ni même de cabinet noir. Tout est concerté en raison d’une  complicité supérieure. Ce fut la pratique de tout le quinquennat d’Hollande comme le montre, d’ailleurs non exhaustivement, le livre qui vient de paraître Bienvenue Place Beauvau, écrit par des journalistes de gauche.

    Le chef de l’État place ses affidés partout, autant qu’il peut aux postes-clefs. Avant son  départ, il les recase. Il ne se dévoue pas aux intérêts de la nation dont il s’amuse comme un adolescent attardé et dont il livre les secrets d’État, ainsi que l’a révélé Un président de devrait pas dire ça. Il ne s’occupe, en fait, que du pouvoir, la seule chose qui l’ait jamais intéressé. Le pouvoir, ses combines, ses avantages. Il y a introduit ses hommes et femmes-liges, ses copains, ses maîtresses qui ont profité de toutes les largesses de l’État au plus haut sommet. Anathématisant dans ses discours de candidat les puissances d’argent, il s’en est servi surabondamment. Les Niel, les Pigasse, les Bergé, les Drahi, entre autres, ont acheté une grande partie de la presse et des médias, bien sûr de gauche, pour les mettre à son service ; maintenant ils veulent choisir son successeur en la personne de Macron. Toutes les « lois Hollande », toute sa politique trouvent là leur explication.

    Au fait, qui était son trésorier de campagne en 2012 ? Encore un ami de promotion, Jean-Jacques Augier. Ce monsieur avait à l’époque deux comptes aux îles Caïmans. Pour quelles activités ? Aucune enquête n’a été menée ; Mediapart ne s’est pas penché sur le cas. Et pour cause… Il était préférable de traiter le cas Cahuzac, plus avantageux aussi. L’affaire n’a pas été relayée. Politique magazine est le seul journal qui ait insisté sur cette formidable incongruité. Vous avez dit scandale ?

    Hilaire de crémiers

  • Hommage à Jeanne d'Arc

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    Comme tous les ans, nous rendrons hommage à Jeanne d'Arc,

    patronne secondaire de la France.

     

    DÉPÔT DE GERBE À BÉZIERS

    Lundi 8 mai 2017 à 9 h.

     

    plaque Jeanne d'Arc

    (face à la cathédrale Saint-Nazaire, plan Monseigneur Blaquière)

     

    Cette cérémonie prendra cette année une allure plus solennelle. Nous espérons vous y voir nombreux. La triste période électorale qui nous occupe impose de toujours revenir aux fondements essentiels de notre nation.

  • Les grenouilles demandent un roi

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    Le comte de Paris :

    Nous vivons une véritable Fable de La Fontaine

     
    Fable de La Fontaine, mise au goût du jour : « LES GRENOUILLES DEMANDENT UN ROI »
     
    En ce temps-là, un grand pays dans une lointaine contrée sombrait dans la léthargie. Las!, chaque clan se disputait le pouvoir et les grenouilles qui peuplaient cet immense et étrange marécage ne parvenaient pas à s’accorder sur aucun point pour désigner celle ou celui qui deviendrait leur monarque éphémère. À force de croasser, leur cri parvint aux oreilles de Jupiter qui s’irritât de ce bruit incongru. Pour y porter remède, il envoya dans ce marécage un colosse aux pieds d’argile. Mais l’argile comme chacun sait se dissout dans l’eau et le colosse ne pouvait bouger. Pire, ses membres, son corps en tombant par morceaux, écrasaient les batraciens qu’il avait soin de remplacer par des salamandres ou des vipères qui détruisaient petit à petit ce si beau marécage, jusqu’à sa disparition.
     
    Avant de sombrer dans l’oubli le géant, à qui il ne restait qu’un souffle, dit: mes chères grenouilles, je vous envoie de l’Hadès un clone, il est jeune et inexpérimenté et vous l’aimerez, il n’est pas instruit, mais il connaît par cœur le cours de l’or, mes officiers, mes scientifiques, mes éducateurs le guideront vers des horizons insoupçonnés et merveilleux. Il n’est pas cultivé et ne connaît ni l’Histoire, ni la géographie. Peu importe qu’il confonde votre marécage avec l’océan arctique , car il se croit beau et vous l’aimerez. Il vous promettra que demain on rase gratis et vous le croirez, oui vous goberez ses billevesées, car il sait comment, par un sourire, vous anesthésier.
     
    Pour plus de sécurité, je vous demande, je vous supplie, peuple aimé, peuple de grenouilles chéries, de passer cette porte magique que je vous laisse en cadeau d’adieu. Et rassemblez-vous de l’autre côté. Alors braves et bonnes bêtes, pour lui faire ce simple plaisir, tout le peuple de batraciens passa, sans méfiance, de l’autre côté de la porte. Sans se rendre compte qu’ils franchissaient la porte de l’Oubli, car de l’autre côté ils avaient tout oublié. C’est ainsi qu’ils acceptèrent le clone du « Golem ». Oui cette statue d’argile était Le Golem de la légende, celui qu’un savant fou avait érigé en serviteur zélé, mais qui s’était transformé en habile destructeur de son monde.
     
  • L’offensive du régime contre François Fillon

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    Par Yves Morel - Politique magazine ICI

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France,

    collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

     

    Glorieux vainqueur de la primaire de la droite en novembre dernier, François Fillon se trouve aujourd’hui empêtré dans un scandale qui sape sa campagne électorale. Sa crédibilité est totalement détruite.

     

    Jusqu’au 25 janvier dernier, François Fillon se présentait, à l’esprit de la majorité de nos compatriotes comme un homme honnête, compétent, qui avait fait ses preuves comme ministre, puis comme chef du gouvernement. Son programme d’austérité drastique effrayait, mais représentait pour de nombreux électeurs l’expression de la vérité et du bon sens, la seule voie possible de relèvement dans la France sinistrée de ce début de XXIè siècle.

    Le candidat proposait un remède de cheval, très amer, douloureux, mais nécessaire et administré par un médecin en lequel on pouvait avoir confiance, un homme intègre. Après toutes les désillusions nées du hollandisme, du valsisme, du sarkozysme, du chiraquisme, toutes politiques caractérisées par des promesses non tenues et une austérité travestie en rigueur, qui n’osait pas s’avouer comme telle, taisait la dramatique situation de notre pays et prétendait « sauver » un modèle républicain inexorablement condamné, Fillon, avec son apparent « parler vrai » et sa thérapie de choc avait ses chances, tant nos concitoyens, écœurés et conscients de la nécessité de réformes radicales, étaient prêts à tout accepter (ou presque).

    Ils l’étaient parce qu’ils croyaient avoir enfin trouvé en Fillon un chef probe, fort, uniquement préoccupé de l’avenir de son pays ; ils voyaient dans ces qualités le signe certain de la valeur de son programme politique et le gage du succès de son application. Un tel chef disait la vérité, et il allait réussir parce qu’il était totalement adonné au bien public. Le succès de Fillon reposait sur ce sentiment de confiance qui le liait aux électeurs.

    Un homme et un programme discrédités
    Le charme est rompu, désormais, et définitivement. Les Français ont découvert que Fillon n’est pas ce chef vertueux qu’ils attendaient. Ils ont découvert que le candidat de la droite est comme tous les politiciens, un cacique qui profite des avantages du système et en fait profiter ses proches. Voilà qui est du plus mauvais effet pour un homme présenté jusqu’alors comme un serviteur irréprochable de la nation.

    Voilà aussi qui est particulièrement choquant de la part d’un homme qui préconise sans sourciller les mesures les plus draconiennes à ses compatriotes : gel des salaires, abolition des 35 heures (déjà de fait supprimées dans maints secteurs et entreprises), augmentation de la TVA, déremboursements d’un grand nombre de prestations médicales, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires (au risque d’une décrépitude accrue d’un service public déjà bien malade).

    Ces mesures, Fillon ne peut plus les proposer sans susciter un profond sentiment de scandale, d’injustice et de révolte. Or, elles étaient le point fort, voire la raison d’être de sa candidature. Qu’il les mette sous le boisseau en se rabattant sur un autre thème jugé porteur (tel la sécurité, sur lequel il semble compter pour retenir l’électorat de droite), et il n’est plus rien, sa candidature perd tout son intérêt et sa force d’attraction. François Fillon ne dispose pas de plan B. Déjà, à ce seul point de vue, il est perdant.

    Rappel des faits
    Nous n’examinerons pas ici dans le détail l’exactitude ou la fausseté des accusations lancées contre Fillon. Nous nous contenterons de rappeler qu’à la suite de révélations du Canard enchaîné, Penelope, son épouse, est accusée d’avoir perçu 813 440 euros bruts au titre d’assistante parlementaire, alors qu’elle n’était pas enregistrée comme telle à l’Assemblée nationale et affirmait ne pas faire de politique, et qu’elle se révèle incapable de fournir la preuve de son travail en cette qualité, ce qui permet de supposer qu’il s’agissait là d’un emploi fictif payé au moyen d’un détournement de fonds publics.

    De plus, Mme Fillon aurait touché 100 000 euros de la Revue des Deux Mondes en qualité de conseillère littéraire, entre mai 2012 et décembre 2013, alors que son activité dans ce périodique se ramène à deux comptes rendus de lecture. Enfin, les deux enfants du couple auraient touché 84 000 euros en tant qu’assistants parlementaires de leur père, alors sénateur, entre 2005 et 2007, là encore sans être officiellement reconnus comme tels.

    La défense de Fillon
    François Fillon se défend pied à pied, affirmant la réalité du travail de son épouse et de ses enfants et alléguant l’imprécision des textes législatifs et réglementaires relatifs au recrutement et à l’activité des attachés parlementaires. Surtout, il se déclare victime d’un complot ourdi contre lui par ses adversaires politiques et l’Etat lui-même.

    Il conteste la légitimité de l’enquête du Parquet financier, qui a commencé presque dès le lendemain de la révélation du Canard enchaîné. Et il reçoit des appuis inattendus. Ainsi l’avocat de gauche Eric Dupond-Moretti reproche au Parquet national financier d’avoir engagé son enquête au mépris du principe de la séparation des pouvoirs législatif et judiciaire et rappelle qu’il appartient au bureau de l’Assemblée nationale de se saisir d’une telle affaire.

    Même son de cloche de la part de la constitutionnaliste Anne-Marie Le Pourhiet, laquelle rappelle que les assemblées législatives ont la responsabilité de leur propre police, qu’il n’existe aucun texte réglementant « le choix, le temps, le lieu, la quantité et les modalités de travail des collaborateurs parlementaires » et que « l’idée de faire intervenir le juge pénal dans la façon dont un représentant de la Nation organise l’exercice de sa fonction est une nouveauté parfaitement soudaine ».

    Treize juristes, politiquement neutres estiment que la procédure engagée contre le candidat viole le droit constitutionnel et est donc illégale, rappellent que les assemblées législatives disposent à leur guise de leurs crédits de fonctionnement, et précisent que les faits reprochés à Fillon n’entrent pas dans les attributions normales du PNF.

    A l’évidence, François Fillon a raison de se déclarer victime d’un « coup d’Etat institutionnel », car c’en est bel et bien un. Certes, d’aucuns, tels le juriste Dominique Rousseau, affirment que le PNF est compétent en cette affaire puisque les crédits alloués à la rémunération des assistants parlementaires proviennent de fonds publics et que le principe de la séparation des pouvoirs s’applique à la liberté d’expression des parlementaires et non à l’utilisation des sommes destinés à salarier leurs collaborateurs.

    A l’évidence, il existe ici un flou juridique résultant de l’imprécision de la frontière entre les conséquences du principe de la séparation des pouvoirs et les textes relatifs à l’utilisation de fonds publics. Et ce flou permet aux adversaires de Fillon de mener leur offensive suivant une parfaite apparence de respect du droit, alors que la procédure engagée est pourtant hautement contestable.

    Ainsi, François Fillon a beau dénoncer la cabale, menée contre lui, le simple fait qu’en raison du flou juridique, la procédure suive implacablement son cours, plaide contre lui, et le grand public pense qu’il doit bien être fautif puisque des juges persistent à le poursuivre. Alors même que sa mise en examen reste incertaine et, en tout cas, ne lui a pas été notifiée, il fait figure de coupable aux yeux de la majorité de ses compatriotes. Et il faut bien le dire, la réalité de ces rémunérations renforce fortement cette impression.

    Car enfin, voilà un homme qui paye grassement ses proches sur fonds publics, alors même que leur statut de collaborateurs et la réalité de leur travail sont on ne peut plus douteux. Lors même qu’il n’y a là rien d’illégal, ces faits sont profondément choquants, surtout dans la mesure où ils émanent d’un homme qui préconise pour ses compatriotes l’austérité la plus drastique.

    Les raisons de l’offensive
    Mais enfin, Fillon n’est pas le premier ni le dernier de nos notables à agir de la sorte, à profiter du système, à vivre bien au sein d’une population qui connaît la pauvreté, la précarité, la pénibilité des conditions de travail et le chômage, à ne pas s’appliquer la rigueur qu’il entend imposer à ses compatriotes.
    On s’acharne sur lui parce qu’il est le candidat de la droite à l’élection présidentielle et que, jusqu’au 25 janvier dernier (date de l’éclatement de l’affaire), il semblait très bien parti pour remporter cette dernière.

    « On », c’est la gauche, bien entendu, à commencer par le parti socialiste et ses satellites (Parti radical de gauche, EELV), qui, eux, semblent promis au plus retentissant des échecs. Et, bien entendu, c’est l’Etat, aux mains du PS. Ce dernier, à l’évidence, laisse toute latitude aux instances judiciaires, au mépris du droit. Au mépris surtout de la tradition de suspension du cours d’une affaire durant une campagne électorale.

    On peut gager sans risque d’erreur que le Parquet financier et la Parquet tout court ne refuseraient pas une telle suspension sans l’appui tacite de l’Etat. Hollande n’a cessé, depuis le début de cette affaire de défendre l’institution judiciaire, critiquée par Fillon, et son Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, ne s’est nullement ému de la divulgation à deux journalistes du Monde des procès verbaux de l’enquête diligentée par le PNF… lequel n’a éprouvé nul besoin de faire le nécessaire pour avoir des éclaircissements à ce sujet. Oui, décidément, François Fillon a raison d’estimer qu’en l’occurrence, il n’est pas traité comme un justiciables comme les autres.

    Il reste à se demander quelle est la cause profonde de ce torpillage délibéré de la candidature de Fillon.
    Certes, la gauche envisageait sans plaisir la victoire annoncée de l’ancien Premier ministre, et de la droite aux prochaines législatives ; mais nous n’en aurions pas été à la première alternance, depuis 1981.

    C’est mal connaître notre gauche hexagonale, qui diffère de ses homologues européennes. C’est qu’en France, justement, l’alternance – la vraie – n’est pas permise.
    Que les seniors se souviennent du grand projet de la gauche durant les années 70. Elle affirmait alors vouloir créer dans le pays, une fois maîtresse du pouvoir, une « situation irréversible », suivant sa propre expression.

    Cela signifiait clairement – et ses dirigeants l’expliquaient sans relâche – que, même si elle revenait au pouvoir, la droite se trouverait dans l’impossibilité de revenir sur les mesures prises par la gauche, de les abroger, d’initier une politique rompant nettement avec elles et procédant d’une vision différente de la société et du monde.

    C’est ce que, de nos jours, on appelle l’ « effet cliquet », présenté comme une loi naturelle d’impossibilité de retour sur les « acquis », et qui tient lieu d’alibi à la lâcheté de la droite républicaine. Et justement, depuis la victoire « historique » (on a les victoires et l’histoire qu’on peut) de la gauche en 1981, la France a connu bien des alternances et des retours au pouvoir de la droite. Jamais celle-ci n’est revenue sur les réformes opérées par la gauche, que ce soit en matière économique et sociale ou dans les domaines des mentalités, des mœurs et de la « culture » (les guillemets s’imposent, en l’occurrence).

    Elle n’a eu de cesse de se comporter en gestionnaire loyale des « conquêtes » politiques et sociales de la gauche, et de se défendre, comme un beau diable, de vouloir les escamoter. Mieux, elle a constamment juré ses grands dieux qu’elle se réclamait des mêmes valeurs que la gauche, les « valeurs de la république », de la démocratie universelle et mondialisée et des droits de l’homme, de la femme et du mouflet.

    Un acharnement délibéré
    C’est à cette seule et impérieuse condition qu’elle peut voir reconnue sa légitimité de « droite républicaine » et son droit à gouverner de temps en temps, le temps que la gauche fatiguée reconstitue ses forces, assurant ainsi un intérim durant lequel elle ne change rien à rien. Et c’est à peu près ce qui s’est passé sous les présidences de Chirac et de Sarkozy et les gouvernements Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin, Villepin, Fillon.

    Or, voilà que Fillon se présentait à la présidentielle avec un programme de rupture totale avec cette passivité complaisante, et entendait revenir sur les acquis de la gauche, et avec de grandes chances de victoire. Intolérable. Le torpillage de sa candidature s’imposait. Lui écarté, le prochain président serait soit Macron, soit Juppé (la victoire de Marine restant hautement improbable au second tour de la présidentielle).

    Le premier, longtemps socialiste et ancien ministre de Hollande et Valls, continuerait la politique de ces derniers, et, faute du soutien d’une grande formation politique, serait obligé d’admettre des ministres PS dans son gouvernement afin de disposer d’une majorité parlementaire ; quant au second, on pouvait tenir pour assuré qu’il ne changerait rien à la politique conduite sous le quinquennat qui s’achève. Dans les deux cas, la gauche reste au pouvoir : avec Macron, elle y participe ; avec Juppé, elle voit ses acquis sauvegardés et ses « valeurs » continuer de tenir lieu de tables de la Loi de notre belle République.

    Tel est le sens profond de la formidable offensive lancée contre Fillon depuis le 25 janvier. Le plus remarquable – le moins étonnant, aussi – réside en ceci que, vraisemblablement, elle ne résulte d’aucun plan concerté ou complot associant des personnes et des groupes s’entendant dans un but précis. Elle est née et s’est développée le plus naturellement et le plus spontanément du monde.

    Le Canard enchaîné a lancé l’affaire sans consulter préalablement personne, le PNF a ordonné l’enquête comme par réflexe, l’Etat a laissé les mains libres à la justice, les médias se sont déchaînés instinctivement… et la droite la plus bête du monde a suivi le mouvement, comme d’habitude, courant pour rattraper le train en marche, au nom de la probité et des vertus républicaines les plus romaines.

    Le grand organisme républicain a tout naturellement secrété ses anticorps contre cet antigène que constituait le programme politique de Fillon__ à supposer d’ailleurs que le candidat l’eût effectivement appliqué en cas de victoire, ce qui n’est pas certain du tout. Craignons d’ailleurs que cette métaphore biologique soit inexacte ; en fait, notre société ressemble plutôt à un corps sidaïque dont toutes les défenses sont paralysées par le virus qu’il porte.

    Notre système neutralise spontanément celui qui en conteste (ou semble en contester) les « valeurs », les principes, les règles et les « acquis ». Fillon en fait l’amère expérience aujourd’hui. Comme disait Anatole France, « la République gouverne mal, mais se défend bien ».

  • Charette ou Macron, il faut choisir

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    Le discours d’Emmanuel Macron à Marseille restera dans les annalesMacron-Libéralisme.jpg politiques comme une anthologie de médiocrité absolue. Où l’on voit que la bête de scène compte sur l’inaudibilité par des auditeurs admiratifs de ce bout-à-bout de mots magiques qui ont fait la force, jusqu’à présent, du candidat. Car, ne nous y trompons pas, Macron est un jeune homme intelligent et opportuniste qui n’a d’ambition que pour sa carrière. S’il est élu président de la République (le summum d’une vie pour le commun des mortels), dès la fin de son mandat, il reprendra du service auprès de ses obligés de la finance. Et ce langage indescriptible, où les mots savants se suivent dans un brouillamini savant, le sert auprès des plus faibles de nos concitoyens qui ne réalisent pas qu’ils sont l’objet d’une OPA qui va lui permettre d’atteindre son but, si on ne réussit pas à l’éliminer avant le 23 avril.

    Prenons l’exemple d’une évocation du patriotisme en face d’une masse de Marseillais de toutes origines qu’il a savamment identifiés un à un : « Être patriote, ce n’est pas la gauche qui s’est rétrécie sur ses utopies. Être patriote, ce n’est pas la droite qui se perd dans ses avanies et l’esprit de revanche. Être patriote, ce n’est pas le FN, le repli et la haine qui conduira à la guerre civile. Être patriote, c’est vouloir une France forte, ouverte dans l’Europe et regardant le monde. »

    Tout auditeur intelligent pourrait penser : mais ce gars-là se moque de nous ! Pour qui se prend-il ? Pour le Bon Dieu, pour le centre de la France, ni gauche, ni droite… Macron, c’est une succession d’utopies… de gauche essentiellement. Macron, c’est le communautarisme qui peut conduire à la guerre civile. Être patriote, c’est être Français. Point final. Ce n’est pas être Européen. 

    L’Europe n’a jamais été une patrie. Être patriote, c’est aimer d’abord sa famille, puis ses amis, puis ses voisins, puis son pays. 

    Charette.jpegMais être patriote, c’est surtout ce qu’en a écrit François Athanase Charette de La Contrie, ce héros vendéen cher à Philippe de Villiers et à nos cœurs. Une ode au patriotisme dont Macron n’aurait pas pu en écrire une ligne. 

    « Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi. Leur patrie à eux*, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irréligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre… Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire. Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur… »

    Charette, bien sûr, c’est l’anti-Macron absolu, celui qui a donné sa vie pour Dieu et son roi. Saint Macron est à mille lieues d’être patriote. Un gourou sans foi ni loi que nous avons trois semaines pour éloigner du second tour.

    Alors, oui, en avant, marche !   

    *  Les guillotineurs 

    Floris de Bonneville

    Journaliste
    Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

    Boulevard Voltaire