Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Politique magazine

  • Pourquoi voter puisqu'on n'est ni représenté ni écouté

    PM204-une.png

    Les Français sont dégoûtés : pourquoi voter puisqu’on n’est pas représenté ? On n’est pas représenté parce que son parti, LFI ou RN, est bloqué, mais surtout parce que ses idées ne sont pas défendues : pourquoi réclamer à cor et à cri que l’immigration soit stoppée, que la sécurité soit assurée, quand des patrons réclament, eux, et sont écoutés, eux, qu’on augmente l’immigration, et que le ministre de la Justice explique que tout va bien ? Pourquoi, même, descendre dans la rue quand la police se déchaîne contre des citoyens présentés comme des fascistes émeutiers ? Dans certaines villes pauvres, 95 % de la population ne votent plus ! Les “jeunes” (18-24 ans) non seulement ne votent pas mais ne s’inscrivent plus sur les listes électorales. Les Français vivent dans un pays où le président a été élu par une poignée du corps électoral potentiel, où le parti présidentiel recueille continument des scores minables, encore plus minabilisés quand on regarde le nombre d’électeurs réels, où les exécutifs régionaux sont élus par 10% de la population, où les partis d’opposition ne servent plus à rien ; où le Premier ministre s’est fait voter des pouvoirs exceptionnels (Art. 1 de la loi n° 2021-689 du 31 mai 2021), dernier accroc en date aux libertés et au fonctionnement démocratique des institutions ; où tout le monde a compris que les formes démocratiques étaient vides. Les institutions ont perdu toute légitimité et, donc, l’exercice de leur autorité est insupportable.

    Car cette autorité suppose qu’il est bon d’abandonner nos frontières, ne parle de souveraineté que pour désigner l’Europe (qui vilipende la Hongrie mais va se rapprocher de la Turquie), prononce en permanence de grands mots vides d’effets mais, en revanche, s’applique à réduire toutes nos libertés essentielles tout en reconnaissant que des communautés précises, des territoires identifiés, peuvent, eux, jouir des libertés qu’ils s’accordent sans pour autant renoncer aux subventions de toutes sortes. Il y a simultanément une frénésie de contrôle, de punition et d’asservissement, et un abandon complet des laissés pour compte du progrès. La République aura réussi à dresser contre elle les pauvres, les humiliés, les obscurs, les sans-grades, tous ceux qu’elle prétend écouter mais à qui elle dit qu’ils ne comprennent pas et jugent mal. Les Gilets jaunes ne sont pas matés, ils muent. Ils ont compris que le pouvoir n’était pas dans les urnes. Ils les méprisent, désormais. Ils scrutent ceux qui ont l’oreille du pouvoir, ce composé médiatique, financier et partisan. Bientôt Les Français sont dégoûtés : pourquoi voter puisqu’on n’est pas représenté ? On n’est pas représenté parce que son parti, LFI ou RN, est bloqué, mais surtout parce que ses idées ne sont pas défendues : pourquoi réclamer à cor et à cri que l’immigration soit stoppée, que la sécurité soit assurée, quand des patrons réclament, eux, et sont écoutés, eux, qu’on augmente l’immigration, et que le ministre de la Justice explique que tout va bien ? Pourquoi, même, descendre dans la rue quand la police se déchaîne contre des citoyens présentés comme des fascistes émeutiers ? Dans certaines villes pauvres, 95 % de la population ne votent plus ! Les “jeunes” (18-24 ans) non seulement ne votent pas mais ne s’inscrivent plus sur les listes électorales. Les Français vivent dans un pays où le président a été élu par une poignée du corps électoral potentiel, où le parti présidentiel recueille continument des scores minables, encore plus minabilisés quand on regarde le nombre d’électeurs réels, où les exécutifs régionaux sont élus par 10% de la population, où les partis d’opposition ne servent plus à rien ; où le Premier ministre s’est fait voter des pouvoirs exceptionnels (Art. 1 de la loi n° 2021-689 du 31 mai 2021), dernier accroc en date aux libertés et au fonctionnement démocratique des institutions ; où tout le monde a compris que les formes démocratiques étaient vides. Les institutions ont perdu toute légitimité et, donc, l’exercice de leur autorité est insupportable.

    Car cette autorité suppose qu’il est bon d’abandonner nos frontières, ne parle de souveraineté que pour désigner l’Europe (qui vilipende la Hongrie mais va se rapprocher de la Turquie), prononce en permanence de grands mots vides d’effets mais, en revanche, s’applique à réduire toutes nos libertés essentielles tout en reconnaissant que des communautés précises, des territoires identifiés, peuvent, eux, jouir des libertés qu’ils s’accordent sans pour autant renoncer aux subventions de toutes sortes. Il y a simultanément une frénésie de contrôle, de punition et d’asservissement, et un abandon complet des laissés pour compte du progrès. La République aura réussi à dresser contre elle les pauvres, les humiliés, les obscurs, les sans-grades, tous ceux qu’elle prétend écouter mais à qui elle dit qu’ils ne comprennent pas et jugent mal. Les Gilets jaunes ne sont pas matés, ils muent. Ils ont compris que le pouvoir n’était pas dans les urnes. Ils les méprisent, désormais. Ils scrutent ceux qui ont l’oreille du pouvoir, ce composé médiatique, financier et partisan. Bientôt ils rentreront en désobéissance pour constituer un contre-pouvoir dissolvant.

    Philippe Mesnard

    Rédacteur en chef

  • Catégories : Politique magazine

    Hilaire de Crémiers sur TV LIBERTES - A écouter

    Journaliste et éditorialiste reconnu, Hilaire de Crémiers est le directeur du mensuel Politique Magazine, né il y a plus de 15 ans !

    Autour d'un prestigieux comité de parrainage où figurent les noms de Jean des Cars, Jean Piat ou jean Sevillia. Politique Magazine apporte une vision pointue de la politique et de l'actualité culturelle. Il se détache d'autres journaux, comme Valeurs Actuelles, par une sensibilité monarchiste.

    Fort de ce marqueur, la revue ouvre ses pages au débat d'idées. L'éditorialiste dénonce volontiers le désordre qui s'est établi en France et en appelle à la restauration de l’État souverain.  Un point de vue développé avec beaucoup de finesse et de modération.

    Cet entretien a été enregistré avant les élections présidentielles. Il n'en est que plus passionnant.

     

    Cliquez sur l'image pour écouter cet entretien

    Hilaire-TV Liberté.JPG

  • Hilaire de Crémiers : un rappel historique

    scandale.jpg

    Scandale ! parlons-en !

     

    Jamais campagne électorale pour l’élection présidentielle n’aura plongé la France aussi bas. Les Français ont de quoi être écœurés. Il est vrai que la République a toujours fait bon ménage avec les scandales : son histoire depuis l’origine en est jalonnée.

    Aussi nombreux que vite oubliés ! Qui se souvient encore du 6 février 1934 ? Le gouvernement de la République n’hésitait pas à faire tirer sur la foule qui s’était massée place de la Concorde en criant « à bas les voleurs » ! Aujourd’hui, dans ce qui reste du récit après la réécriture de l’histoire officielle, il n’est question que d’une tentative des « ligues » – factieuses et donc fascistes – de prendre le pouvoir. Prétexte en fut pris pour les dissoudre. La République était sauvée, l’histoire magnifiée ! Plus de « chéquards » comme au bon vieux temps de Panama, effacées les magouilles crapuleuses, « suicidé » l’escroc corrupteur Stavisky ; quant au conseiller Prince, fort proprement écrasé par un train, il ne parlerait plus.

    Modèle de toutes les « affaires » de la République, chef-d’œuvre d’exécution où les services de l’inspecteur Bonny, barbouze de la République et futur agent de la Gestapo, en connivence avec le Parquet, furent au niveau de l’exigence républicaine. Dame, on ne badine pas avec la vertu ! Comme chacun l’a appris avec Montesquieu, elle est le ressort essentiel de la République. La République, qui ne se démonte jamais devant les scandales, s’effondrera six ans plus tard dans le plus grand désastre de l’histoire de France. Signe avant-coureur…

    Toutes les républiques à travers le monde et à travers les temps furent, sont et seront, de fait, des oligarchies. C’est le plus incontestable des constats. La première duperie consiste à se servir de la notion abstraite de peuple pour en ravir la représentation et en capter ainsi la souveraineté. Au nom de quoi il est possible d’être les maîtres. Et la corruption devient la règle du jeu de dupes. C’est tellement simple à comprendre. Faut-il s’étonner de ce que l’on apprend du scandale Odebrecht qui secoue l’Amérique du Sud ? Qui peut y échapper ? Ni les USA, ni la Chine, ni la Russie, ni les Républiques de l’est de l’Europe, ni l’Italie… La liste peut continuer. Où est la morale dans tout ça ? Et, franchement, à quoi sert de brandir la morale ?

    Et la France ? « Exemplaire », « irréprochable », la République française ? Allons donc ! Ce qu’on appelle l’affaire Fillon ou l’affaire Le Pen, ce n’est rien, même si c’est distillé à longueur de jours. Nos démocrates patentés feraient mieux de relire leur histoire…

    Le vrai scandale, ici, consiste dans l’instrumentalisation évidente desdites affaires : presse, police, justice, pouvoir politique en connivence totale ! Pas besoin de complot, ni même de cabinet noir. Tout est concerté en raison d’une  complicité supérieure. Ce fut la pratique de tout le quinquennat d’Hollande comme le montre, d’ailleurs non exhaustivement, le livre qui vient de paraître Bienvenue Place Beauvau, écrit par des journalistes de gauche.

    Le chef de l’État place ses affidés partout, autant qu’il peut aux postes-clefs. Avant son  départ, il les recase. Il ne se dévoue pas aux intérêts de la nation dont il s’amuse comme un adolescent attardé et dont il livre les secrets d’État, ainsi que l’a révélé Un président de devrait pas dire ça. Il ne s’occupe, en fait, que du pouvoir, la seule chose qui l’ait jamais intéressé. Le pouvoir, ses combines, ses avantages. Il y a introduit ses hommes et femmes-liges, ses copains, ses maîtresses qui ont profité de toutes les largesses de l’État au plus haut sommet. Anathématisant dans ses discours de candidat les puissances d’argent, il s’en est servi surabondamment. Les Niel, les Pigasse, les Bergé, les Drahi, entre autres, ont acheté une grande partie de la presse et des médias, bien sûr de gauche, pour les mettre à son service ; maintenant ils veulent choisir son successeur en la personne de Macron. Toutes les « lois Hollande », toute sa politique trouvent là leur explication.

    Au fait, qui était son trésorier de campagne en 2012 ? Encore un ami de promotion, Jean-Jacques Augier. Ce monsieur avait à l’époque deux comptes aux îles Caïmans. Pour quelles activités ? Aucune enquête n’a été menée ; Mediapart ne s’est pas penché sur le cas. Et pour cause… Il était préférable de traiter le cas Cahuzac, plus avantageux aussi. L’affaire n’a pas été relayée. Politique magazine est le seul journal qui ait insisté sur cette formidable incongruité. Vous avez dit scandale ?

    Hilaire de crémiers

  • L’offensive du régime contre François Fillon

    Fillon-régime.jpg

    Par Yves Morel - Politique magazine ICI

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France,

    collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

     

    Glorieux vainqueur de la primaire de la droite en novembre dernier, François Fillon se trouve aujourd’hui empêtré dans un scandale qui sape sa campagne électorale. Sa crédibilité est totalement détruite.

     

    Jusqu’au 25 janvier dernier, François Fillon se présentait, à l’esprit de la majorité de nos compatriotes comme un homme honnête, compétent, qui avait fait ses preuves comme ministre, puis comme chef du gouvernement. Son programme d’austérité drastique effrayait, mais représentait pour de nombreux électeurs l’expression de la vérité et du bon sens, la seule voie possible de relèvement dans la France sinistrée de ce début de XXIè siècle.

    Le candidat proposait un remède de cheval, très amer, douloureux, mais nécessaire et administré par un médecin en lequel on pouvait avoir confiance, un homme intègre. Après toutes les désillusions nées du hollandisme, du valsisme, du sarkozysme, du chiraquisme, toutes politiques caractérisées par des promesses non tenues et une austérité travestie en rigueur, qui n’osait pas s’avouer comme telle, taisait la dramatique situation de notre pays et prétendait « sauver » un modèle républicain inexorablement condamné, Fillon, avec son apparent « parler vrai » et sa thérapie de choc avait ses chances, tant nos concitoyens, écœurés et conscients de la nécessité de réformes radicales, étaient prêts à tout accepter (ou presque).

    Ils l’étaient parce qu’ils croyaient avoir enfin trouvé en Fillon un chef probe, fort, uniquement préoccupé de l’avenir de son pays ; ils voyaient dans ces qualités le signe certain de la valeur de son programme politique et le gage du succès de son application. Un tel chef disait la vérité, et il allait réussir parce qu’il était totalement adonné au bien public. Le succès de Fillon reposait sur ce sentiment de confiance qui le liait aux électeurs.

    Un homme et un programme discrédités
    Le charme est rompu, désormais, et définitivement. Les Français ont découvert que Fillon n’est pas ce chef vertueux qu’ils attendaient. Ils ont découvert que le candidat de la droite est comme tous les politiciens, un cacique qui profite des avantages du système et en fait profiter ses proches. Voilà qui est du plus mauvais effet pour un homme présenté jusqu’alors comme un serviteur irréprochable de la nation.

    Voilà aussi qui est particulièrement choquant de la part d’un homme qui préconise sans sourciller les mesures les plus draconiennes à ses compatriotes : gel des salaires, abolition des 35 heures (déjà de fait supprimées dans maints secteurs et entreprises), augmentation de la TVA, déremboursements d’un grand nombre de prestations médicales, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires (au risque d’une décrépitude accrue d’un service public déjà bien malade).

    Ces mesures, Fillon ne peut plus les proposer sans susciter un profond sentiment de scandale, d’injustice et de révolte. Or, elles étaient le point fort, voire la raison d’être de sa candidature. Qu’il les mette sous le boisseau en se rabattant sur un autre thème jugé porteur (tel la sécurité, sur lequel il semble compter pour retenir l’électorat de droite), et il n’est plus rien, sa candidature perd tout son intérêt et sa force d’attraction. François Fillon ne dispose pas de plan B. Déjà, à ce seul point de vue, il est perdant.

    Rappel des faits
    Nous n’examinerons pas ici dans le détail l’exactitude ou la fausseté des accusations lancées contre Fillon. Nous nous contenterons de rappeler qu’à la suite de révélations du Canard enchaîné, Penelope, son épouse, est accusée d’avoir perçu 813 440 euros bruts au titre d’assistante parlementaire, alors qu’elle n’était pas enregistrée comme telle à l’Assemblée nationale et affirmait ne pas faire de politique, et qu’elle se révèle incapable de fournir la preuve de son travail en cette qualité, ce qui permet de supposer qu’il s’agissait là d’un emploi fictif payé au moyen d’un détournement de fonds publics.

    De plus, Mme Fillon aurait touché 100 000 euros de la Revue des Deux Mondes en qualité de conseillère littéraire, entre mai 2012 et décembre 2013, alors que son activité dans ce périodique se ramène à deux comptes rendus de lecture. Enfin, les deux enfants du couple auraient touché 84 000 euros en tant qu’assistants parlementaires de leur père, alors sénateur, entre 2005 et 2007, là encore sans être officiellement reconnus comme tels.

    La défense de Fillon
    François Fillon se défend pied à pied, affirmant la réalité du travail de son épouse et de ses enfants et alléguant l’imprécision des textes législatifs et réglementaires relatifs au recrutement et à l’activité des attachés parlementaires. Surtout, il se déclare victime d’un complot ourdi contre lui par ses adversaires politiques et l’Etat lui-même.

    Il conteste la légitimité de l’enquête du Parquet financier, qui a commencé presque dès le lendemain de la révélation du Canard enchaîné. Et il reçoit des appuis inattendus. Ainsi l’avocat de gauche Eric Dupond-Moretti reproche au Parquet national financier d’avoir engagé son enquête au mépris du principe de la séparation des pouvoirs législatif et judiciaire et rappelle qu’il appartient au bureau de l’Assemblée nationale de se saisir d’une telle affaire.

    Même son de cloche de la part de la constitutionnaliste Anne-Marie Le Pourhiet, laquelle rappelle que les assemblées législatives ont la responsabilité de leur propre police, qu’il n’existe aucun texte réglementant « le choix, le temps, le lieu, la quantité et les modalités de travail des collaborateurs parlementaires » et que « l’idée de faire intervenir le juge pénal dans la façon dont un représentant de la Nation organise l’exercice de sa fonction est une nouveauté parfaitement soudaine ».

    Treize juristes, politiquement neutres estiment que la procédure engagée contre le candidat viole le droit constitutionnel et est donc illégale, rappellent que les assemblées législatives disposent à leur guise de leurs crédits de fonctionnement, et précisent que les faits reprochés à Fillon n’entrent pas dans les attributions normales du PNF.

    A l’évidence, François Fillon a raison de se déclarer victime d’un « coup d’Etat institutionnel », car c’en est bel et bien un. Certes, d’aucuns, tels le juriste Dominique Rousseau, affirment que le PNF est compétent en cette affaire puisque les crédits alloués à la rémunération des assistants parlementaires proviennent de fonds publics et que le principe de la séparation des pouvoirs s’applique à la liberté d’expression des parlementaires et non à l’utilisation des sommes destinés à salarier leurs collaborateurs.

    A l’évidence, il existe ici un flou juridique résultant de l’imprécision de la frontière entre les conséquences du principe de la séparation des pouvoirs et les textes relatifs à l’utilisation de fonds publics. Et ce flou permet aux adversaires de Fillon de mener leur offensive suivant une parfaite apparence de respect du droit, alors que la procédure engagée est pourtant hautement contestable.

    Ainsi, François Fillon a beau dénoncer la cabale, menée contre lui, le simple fait qu’en raison du flou juridique, la procédure suive implacablement son cours, plaide contre lui, et le grand public pense qu’il doit bien être fautif puisque des juges persistent à le poursuivre. Alors même que sa mise en examen reste incertaine et, en tout cas, ne lui a pas été notifiée, il fait figure de coupable aux yeux de la majorité de ses compatriotes. Et il faut bien le dire, la réalité de ces rémunérations renforce fortement cette impression.

    Car enfin, voilà un homme qui paye grassement ses proches sur fonds publics, alors même que leur statut de collaborateurs et la réalité de leur travail sont on ne peut plus douteux. Lors même qu’il n’y a là rien d’illégal, ces faits sont profondément choquants, surtout dans la mesure où ils émanent d’un homme qui préconise pour ses compatriotes l’austérité la plus drastique.

    Les raisons de l’offensive
    Mais enfin, Fillon n’est pas le premier ni le dernier de nos notables à agir de la sorte, à profiter du système, à vivre bien au sein d’une population qui connaît la pauvreté, la précarité, la pénibilité des conditions de travail et le chômage, à ne pas s’appliquer la rigueur qu’il entend imposer à ses compatriotes.
    On s’acharne sur lui parce qu’il est le candidat de la droite à l’élection présidentielle et que, jusqu’au 25 janvier dernier (date de l’éclatement de l’affaire), il semblait très bien parti pour remporter cette dernière.

    « On », c’est la gauche, bien entendu, à commencer par le parti socialiste et ses satellites (Parti radical de gauche, EELV), qui, eux, semblent promis au plus retentissant des échecs. Et, bien entendu, c’est l’Etat, aux mains du PS. Ce dernier, à l’évidence, laisse toute latitude aux instances judiciaires, au mépris du droit. Au mépris surtout de la tradition de suspension du cours d’une affaire durant une campagne électorale.

    On peut gager sans risque d’erreur que le Parquet financier et la Parquet tout court ne refuseraient pas une telle suspension sans l’appui tacite de l’Etat. Hollande n’a cessé, depuis le début de cette affaire de défendre l’institution judiciaire, critiquée par Fillon, et son Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, ne s’est nullement ému de la divulgation à deux journalistes du Monde des procès verbaux de l’enquête diligentée par le PNF… lequel n’a éprouvé nul besoin de faire le nécessaire pour avoir des éclaircissements à ce sujet. Oui, décidément, François Fillon a raison d’estimer qu’en l’occurrence, il n’est pas traité comme un justiciables comme les autres.

    Il reste à se demander quelle est la cause profonde de ce torpillage délibéré de la candidature de Fillon.
    Certes, la gauche envisageait sans plaisir la victoire annoncée de l’ancien Premier ministre, et de la droite aux prochaines législatives ; mais nous n’en aurions pas été à la première alternance, depuis 1981.

    C’est mal connaître notre gauche hexagonale, qui diffère de ses homologues européennes. C’est qu’en France, justement, l’alternance – la vraie – n’est pas permise.
    Que les seniors se souviennent du grand projet de la gauche durant les années 70. Elle affirmait alors vouloir créer dans le pays, une fois maîtresse du pouvoir, une « situation irréversible », suivant sa propre expression.

    Cela signifiait clairement – et ses dirigeants l’expliquaient sans relâche – que, même si elle revenait au pouvoir, la droite se trouverait dans l’impossibilité de revenir sur les mesures prises par la gauche, de les abroger, d’initier une politique rompant nettement avec elles et procédant d’une vision différente de la société et du monde.

    C’est ce que, de nos jours, on appelle l’ « effet cliquet », présenté comme une loi naturelle d’impossibilité de retour sur les « acquis », et qui tient lieu d’alibi à la lâcheté de la droite républicaine. Et justement, depuis la victoire « historique » (on a les victoires et l’histoire qu’on peut) de la gauche en 1981, la France a connu bien des alternances et des retours au pouvoir de la droite. Jamais celle-ci n’est revenue sur les réformes opérées par la gauche, que ce soit en matière économique et sociale ou dans les domaines des mentalités, des mœurs et de la « culture » (les guillemets s’imposent, en l’occurrence).

    Elle n’a eu de cesse de se comporter en gestionnaire loyale des « conquêtes » politiques et sociales de la gauche, et de se défendre, comme un beau diable, de vouloir les escamoter. Mieux, elle a constamment juré ses grands dieux qu’elle se réclamait des mêmes valeurs que la gauche, les « valeurs de la république », de la démocratie universelle et mondialisée et des droits de l’homme, de la femme et du mouflet.

    Un acharnement délibéré
    C’est à cette seule et impérieuse condition qu’elle peut voir reconnue sa légitimité de « droite républicaine » et son droit à gouverner de temps en temps, le temps que la gauche fatiguée reconstitue ses forces, assurant ainsi un intérim durant lequel elle ne change rien à rien. Et c’est à peu près ce qui s’est passé sous les présidences de Chirac et de Sarkozy et les gouvernements Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin, Villepin, Fillon.

    Or, voilà que Fillon se présentait à la présidentielle avec un programme de rupture totale avec cette passivité complaisante, et entendait revenir sur les acquis de la gauche, et avec de grandes chances de victoire. Intolérable. Le torpillage de sa candidature s’imposait. Lui écarté, le prochain président serait soit Macron, soit Juppé (la victoire de Marine restant hautement improbable au second tour de la présidentielle).

    Le premier, longtemps socialiste et ancien ministre de Hollande et Valls, continuerait la politique de ces derniers, et, faute du soutien d’une grande formation politique, serait obligé d’admettre des ministres PS dans son gouvernement afin de disposer d’une majorité parlementaire ; quant au second, on pouvait tenir pour assuré qu’il ne changerait rien à la politique conduite sous le quinquennat qui s’achève. Dans les deux cas, la gauche reste au pouvoir : avec Macron, elle y participe ; avec Juppé, elle voit ses acquis sauvegardés et ses « valeurs » continuer de tenir lieu de tables de la Loi de notre belle République.

    Tel est le sens profond de la formidable offensive lancée contre Fillon depuis le 25 janvier. Le plus remarquable – le moins étonnant, aussi – réside en ceci que, vraisemblablement, elle ne résulte d’aucun plan concerté ou complot associant des personnes et des groupes s’entendant dans un but précis. Elle est née et s’est développée le plus naturellement et le plus spontanément du monde.

    Le Canard enchaîné a lancé l’affaire sans consulter préalablement personne, le PNF a ordonné l’enquête comme par réflexe, l’Etat a laissé les mains libres à la justice, les médias se sont déchaînés instinctivement… et la droite la plus bête du monde a suivi le mouvement, comme d’habitude, courant pour rattraper le train en marche, au nom de la probité et des vertus républicaines les plus romaines.

    Le grand organisme républicain a tout naturellement secrété ses anticorps contre cet antigène que constituait le programme politique de Fillon__ à supposer d’ailleurs que le candidat l’eût effectivement appliqué en cas de victoire, ce qui n’est pas certain du tout. Craignons d’ailleurs que cette métaphore biologique soit inexacte ; en fait, notre société ressemble plutôt à un corps sidaïque dont toutes les défenses sont paralysées par le virus qu’il porte.

    Notre système neutralise spontanément celui qui en conteste (ou semble en contester) les « valeurs », les principes, les règles et les « acquis ». Fillon en fait l’amère expérience aujourd’hui. Comme disait Anatole France, « la République gouverne mal, mais se défend bien ».

  • Catégories : Politique magazine

    Le nouveau Politique magazine

    PM161-1.JPG

    PM161-2.JPG

    ANALYSE

    Par Hilaire de Crémiers

    Les élections présidentielles ne peuvent déboucher avec les législatives qui suivent, que sur une crise de régime.

     

    Les sycophantes mènent leur ballet. Institution éminemment démocratique qui sévissait déjà dans l’Athènes décadente. La dénonciation sort des officines de la Hollandie, file vers les salles de rédaction, excite les magistrats, incendie les réseaux sociaux. Chacun se croit en droit de juger. Le parti socialiste, toute la gauche dite de gouvernement qui joue les offusqués, oublie aujourd’hui les scandales qui ont défrayé la chronique de la Mitterandie pendant plus d’une décennie, après les premières révélations de l’affaire Urba en 1991.

    Le passé, le présent et le futur

    Ils ont enterré Henri Emmanuelli samedi 25 mars en grande pompe républicaine à Mont-de-Marsan. Tous les caciques de la Gauche installée, prébendée, rémunérée et nourrie – que de pauvres gens ! – étaient là, alignés sur leurs chaises, à côté de François Hollande. À quoi pensaient-ils, tous, avec ces regards perdus, comme affaissés sur de douloureux abîmes intérieurs. Ces beaux messieurs qui affectent avec condescendance l’affranchissement de toute foi religieuse, songeaient peut-être que ce serait, comme dit le poète, bientôt leur tour. Finie la vie ! Les confortables prébendes et la jouissive fièvre de la politique politicienne ! Eux aussi, mais oui, tout comme lui, ils y passeront ! Hollande s’est voulu bravache, selon son habitude. Braver Dieu, en se croyant drôle, c’est son truc depuis ses 18 ans. Comme ses compères, à peu près tous à son image, sortis des bons collèges ! « Si Dieu existe, et que Henri l’a rejoint, il aura fort à faire avec lui. Mais que Henri sache bien – tiens, mais comment pourrait-il savoir ? – que la République aujourd’hui le salue et ne l’oubliera jamais ». La République est-elle donc une divinité ? Parle-t-elle et voit-elle, ou est-ce Hollande qui la fait parler et voir avec son ton de prédicateur ? Ah, les idoles ! Le psalmiste déjà s’en gaussait : « Os habent et non loquentur, oculos habent et non videbunt ».

    Mais cet Henri Emmanuelli dont Hollande a fait l’éloge, avait été condamné en 1997 à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de droits civiques. En tant que trésorier du parti socialiste ! Péché pardonné donc. L’onction républicaine couvre tout. Il est bon de se sentir purgé. Les lois d’amnistie, d’auto-amnistie devrait-on préciser, de 1988–1990 sont censées avoir tout mis au net. Grâce soit rendue à la République et à l’efficace de ses sacrements ! Pourtant les faits peccamineux ont continué par la suite, tant du côté socialiste que du côté du RPR et de l’UMP. Faut-il reprendre la longue litanie des « affaires » ? Jusqu’à Cahuzac, Le Roux… ? Et les comptes de campagne pour les présidentielles validés par le Conseil constitutionnel pour le bon ordre républicain, ainsi que l’a révélé Dumas ?

    Politique d’initiés

    Hollande lui-même, avec tous ses réseaux, n’a-t-il pas pratiqué avec délectation ces arcanes du pouvoir, en mystérieuses initiations ? Tous les livres qui paraissent sur lui, écrits pour la plupart par des journalistes de gauche, prouvent sa suffisance autant que sa maîtrise en la matière. Il met toute sa vanité dans cette manière d’être : je suis celui qui sait. Le ridicule n’est pas loin.

    Ce n’est pas pour rien qu’il est allé en pèlerinage rue Cadet le 27 février dernier, premier chef de l’État à rendre ainsi une visite officielle au temple des temples. Il s’agissait, bien sûr, de rendre grâce... à la « divinité », mais aussi d’appeler à l’aide avec grande imploration, selon la tradition des loges, dans l’implacable lutte contre toute résurgence dans la vie publique nationale du moindre soupçon de tradition française et chrétienne. Lutte acharnée qui autorise tous les coups et dans laquelle lui-même se dit, jusqu’en ses déplacements à l’autre bout du monde, totalement investi comme d’une mission supérieure et qu’il a bien l’intention de poursuivre après la fin de son mandat. Il n’est pas inutile d’écouter le baragouin de cet homme, par ailleurs profondément inculte et qui n’a réussi sa carrière qu’en ayant l’intelligence mécanique de réciter, aussi sottement qu’il le fallait, tous les poncifs de la croyance officielle.

    Ce que voudrait la France

    La question aujourd’hui, à quelques jours maintenant de l’élection présidentielle, est parfaitement claire. Le peuple français, dans la mesure où il en reste encore un, est majoritairement dans un état d’esprit que l’analyse électorale qualifie de droite. Il veut l’ordre, la justice, la paix sociale, l’arrêt de la submersion migratoire, le respect des libertés, la sauvegarde des familles, la protection du patrimoine tant public que privé, l’intégrité du territoire national et la garantie des frontières, la fin de la bureaucratie inutile, la liberté d’entreprendre, de vivre et d’éduquer, le changement radical dans la conception même de l’Europe dont l’anniversaire du traité fondateur n’a suscité aucune liesse, la sortie des filets contraignants de Bruxelles, la relance économique pour en finir avec le chômage de masse. Bref une France souveraine et fière qui retrouve son indépendance et capable d’effectuer au-delà des partis les réformes indispensables ; et il y en a beaucoup à faire qu’aucun parti au pouvoir ne fera jamais. Voilà ce que pense au fond une bonne partie des Français qui, sans le dire ni même sans se le dire de manière consciente, ne croient plus dans les institutions telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui ; il est, d’ailleurs, quelques enquêtes d’opinion – rares mais sûres – pour le manifester clairement.

    Ce qui se passe en Guyane est sur ce point révélateur. Le gauchisme taubiresque n’a rien à voir avec le problème qui, toutes proportions gardées, ressemble à celui de la France et de toute son outre-mer. Territoires abandonnés, au motif de politiques aussi stupides que prodigues en gabegies insensées ! Telle est la réalité partout. Ça commence à se savoir et à ne plus se supporter. La dérisoire visite des deux ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, deux fantômes du moment aux noms inconnus, Fekl et Bareigts, ne changera rien au fond de la situation guyanaise.

    Alors cette France va voter. Et comme prévu, mécaniquement, elle va se diviser ou s’abstenir par dégoût. La simple addition des chiffres montrera mathématiquement qu’elle est, selon la terminologie partisane, profondément de droite. Fort mal représentée et encore plus mal gouvernée. Et tout est fait en ce moment pour que ça continue. Comme avant. Le poids du régime écrasera toutes les velléités d’en sortir. Macron qui prétend s’en libérer, n’y arrive pas plus que les autres : les ralliements à son En marche ! sont autant d’entraves pour demain. Tout le monde veut être de la partie qui se jouera avec les législatives. Les vieux apparatchiks tentent de se refaire une jeunesse. Aucun candidat à l’élection présidentielle – si déterminé soit-il – n’est en état de dominer la situation. Ne parlons ni d’Hamon ni de Mélenchon qui ne songent qu’aux recompositions futures. Macron n’est flou que de son incapacité totale de gouverner et d’avoir une majorité. Fillon se heurtera aux obstacles de la machine républicaine dont les premiers seront dressés par son propre camp : composer ou se casser. Marine Le Pen aura contre elle tout l’établissement qui tient l’administration et enserre presque la totalité de la vie politique et culturelle du pays.

    C’est littéralement sans solution. S’imaginer que le système changera parce qu’on en prendra la tête – à la place des autres, bien sûr – est un rêve. Il va encore coûter cher. La désillusion et le désespoir qui s’ensuivront, et désormais très vite, aggraveront la crise de régime. Car, maintenant, la question politique se pose avec une violente acuité : ce n’est plus une question de système comme l’affirment tous les candidats ; c’est une question de régime. 

    Hilaire de Crémiers