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  • L’offensive du régime contre François Fillon

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    Par Yves Morel - Politique magazine ICI

    Docteur ès-lettres, écrivain, spécialiste de l'histoire de l'enseignement en France,

    collaborateur de la Nouvelle Revue universelle

     

    Glorieux vainqueur de la primaire de la droite en novembre dernier, François Fillon se trouve aujourd’hui empêtré dans un scandale qui sape sa campagne électorale. Sa crédibilité est totalement détruite.

     

    Jusqu’au 25 janvier dernier, François Fillon se présentait, à l’esprit de la majorité de nos compatriotes comme un homme honnête, compétent, qui avait fait ses preuves comme ministre, puis comme chef du gouvernement. Son programme d’austérité drastique effrayait, mais représentait pour de nombreux électeurs l’expression de la vérité et du bon sens, la seule voie possible de relèvement dans la France sinistrée de ce début de XXIè siècle.

    Le candidat proposait un remède de cheval, très amer, douloureux, mais nécessaire et administré par un médecin en lequel on pouvait avoir confiance, un homme intègre. Après toutes les désillusions nées du hollandisme, du valsisme, du sarkozysme, du chiraquisme, toutes politiques caractérisées par des promesses non tenues et une austérité travestie en rigueur, qui n’osait pas s’avouer comme telle, taisait la dramatique situation de notre pays et prétendait « sauver » un modèle républicain inexorablement condamné, Fillon, avec son apparent « parler vrai » et sa thérapie de choc avait ses chances, tant nos concitoyens, écœurés et conscients de la nécessité de réformes radicales, étaient prêts à tout accepter (ou presque).

    Ils l’étaient parce qu’ils croyaient avoir enfin trouvé en Fillon un chef probe, fort, uniquement préoccupé de l’avenir de son pays ; ils voyaient dans ces qualités le signe certain de la valeur de son programme politique et le gage du succès de son application. Un tel chef disait la vérité, et il allait réussir parce qu’il était totalement adonné au bien public. Le succès de Fillon reposait sur ce sentiment de confiance qui le liait aux électeurs.

    Un homme et un programme discrédités
    Le charme est rompu, désormais, et définitivement. Les Français ont découvert que Fillon n’est pas ce chef vertueux qu’ils attendaient. Ils ont découvert que le candidat de la droite est comme tous les politiciens, un cacique qui profite des avantages du système et en fait profiter ses proches. Voilà qui est du plus mauvais effet pour un homme présenté jusqu’alors comme un serviteur irréprochable de la nation.

    Voilà aussi qui est particulièrement choquant de la part d’un homme qui préconise sans sourciller les mesures les plus draconiennes à ses compatriotes : gel des salaires, abolition des 35 heures (déjà de fait supprimées dans maints secteurs et entreprises), augmentation de la TVA, déremboursements d’un grand nombre de prestations médicales, suppression de 500 000 postes de fonctionnaires (au risque d’une décrépitude accrue d’un service public déjà bien malade).

    Ces mesures, Fillon ne peut plus les proposer sans susciter un profond sentiment de scandale, d’injustice et de révolte. Or, elles étaient le point fort, voire la raison d’être de sa candidature. Qu’il les mette sous le boisseau en se rabattant sur un autre thème jugé porteur (tel la sécurité, sur lequel il semble compter pour retenir l’électorat de droite), et il n’est plus rien, sa candidature perd tout son intérêt et sa force d’attraction. François Fillon ne dispose pas de plan B. Déjà, à ce seul point de vue, il est perdant.

    Rappel des faits
    Nous n’examinerons pas ici dans le détail l’exactitude ou la fausseté des accusations lancées contre Fillon. Nous nous contenterons de rappeler qu’à la suite de révélations du Canard enchaîné, Penelope, son épouse, est accusée d’avoir perçu 813 440 euros bruts au titre d’assistante parlementaire, alors qu’elle n’était pas enregistrée comme telle à l’Assemblée nationale et affirmait ne pas faire de politique, et qu’elle se révèle incapable de fournir la preuve de son travail en cette qualité, ce qui permet de supposer qu’il s’agissait là d’un emploi fictif payé au moyen d’un détournement de fonds publics.

    De plus, Mme Fillon aurait touché 100 000 euros de la Revue des Deux Mondes en qualité de conseillère littéraire, entre mai 2012 et décembre 2013, alors que son activité dans ce périodique se ramène à deux comptes rendus de lecture. Enfin, les deux enfants du couple auraient touché 84 000 euros en tant qu’assistants parlementaires de leur père, alors sénateur, entre 2005 et 2007, là encore sans être officiellement reconnus comme tels.

    La défense de Fillon
    François Fillon se défend pied à pied, affirmant la réalité du travail de son épouse et de ses enfants et alléguant l’imprécision des textes législatifs et réglementaires relatifs au recrutement et à l’activité des attachés parlementaires. Surtout, il se déclare victime d’un complot ourdi contre lui par ses adversaires politiques et l’Etat lui-même.

    Il conteste la légitimité de l’enquête du Parquet financier, qui a commencé presque dès le lendemain de la révélation du Canard enchaîné. Et il reçoit des appuis inattendus. Ainsi l’avocat de gauche Eric Dupond-Moretti reproche au Parquet national financier d’avoir engagé son enquête au mépris du principe de la séparation des pouvoirs législatif et judiciaire et rappelle qu’il appartient au bureau de l’Assemblée nationale de se saisir d’une telle affaire.

    Même son de cloche de la part de la constitutionnaliste Anne-Marie Le Pourhiet, laquelle rappelle que les assemblées législatives ont la responsabilité de leur propre police, qu’il n’existe aucun texte réglementant « le choix, le temps, le lieu, la quantité et les modalités de travail des collaborateurs parlementaires » et que « l’idée de faire intervenir le juge pénal dans la façon dont un représentant de la Nation organise l’exercice de sa fonction est une nouveauté parfaitement soudaine ».

    Treize juristes, politiquement neutres estiment que la procédure engagée contre le candidat viole le droit constitutionnel et est donc illégale, rappellent que les assemblées législatives disposent à leur guise de leurs crédits de fonctionnement, et précisent que les faits reprochés à Fillon n’entrent pas dans les attributions normales du PNF.

    A l’évidence, François Fillon a raison de se déclarer victime d’un « coup d’Etat institutionnel », car c’en est bel et bien un. Certes, d’aucuns, tels le juriste Dominique Rousseau, affirment que le PNF est compétent en cette affaire puisque les crédits alloués à la rémunération des assistants parlementaires proviennent de fonds publics et que le principe de la séparation des pouvoirs s’applique à la liberté d’expression des parlementaires et non à l’utilisation des sommes destinés à salarier leurs collaborateurs.

    A l’évidence, il existe ici un flou juridique résultant de l’imprécision de la frontière entre les conséquences du principe de la séparation des pouvoirs et les textes relatifs à l’utilisation de fonds publics. Et ce flou permet aux adversaires de Fillon de mener leur offensive suivant une parfaite apparence de respect du droit, alors que la procédure engagée est pourtant hautement contestable.

    Ainsi, François Fillon a beau dénoncer la cabale, menée contre lui, le simple fait qu’en raison du flou juridique, la procédure suive implacablement son cours, plaide contre lui, et le grand public pense qu’il doit bien être fautif puisque des juges persistent à le poursuivre. Alors même que sa mise en examen reste incertaine et, en tout cas, ne lui a pas été notifiée, il fait figure de coupable aux yeux de la majorité de ses compatriotes. Et il faut bien le dire, la réalité de ces rémunérations renforce fortement cette impression.

    Car enfin, voilà un homme qui paye grassement ses proches sur fonds publics, alors même que leur statut de collaborateurs et la réalité de leur travail sont on ne peut plus douteux. Lors même qu’il n’y a là rien d’illégal, ces faits sont profondément choquants, surtout dans la mesure où ils émanent d’un homme qui préconise pour ses compatriotes l’austérité la plus drastique.

    Les raisons de l’offensive
    Mais enfin, Fillon n’est pas le premier ni le dernier de nos notables à agir de la sorte, à profiter du système, à vivre bien au sein d’une population qui connaît la pauvreté, la précarité, la pénibilité des conditions de travail et le chômage, à ne pas s’appliquer la rigueur qu’il entend imposer à ses compatriotes.
    On s’acharne sur lui parce qu’il est le candidat de la droite à l’élection présidentielle et que, jusqu’au 25 janvier dernier (date de l’éclatement de l’affaire), il semblait très bien parti pour remporter cette dernière.

    « On », c’est la gauche, bien entendu, à commencer par le parti socialiste et ses satellites (Parti radical de gauche, EELV), qui, eux, semblent promis au plus retentissant des échecs. Et, bien entendu, c’est l’Etat, aux mains du PS. Ce dernier, à l’évidence, laisse toute latitude aux instances judiciaires, au mépris du droit. Au mépris surtout de la tradition de suspension du cours d’une affaire durant une campagne électorale.

    On peut gager sans risque d’erreur que le Parquet financier et la Parquet tout court ne refuseraient pas une telle suspension sans l’appui tacite de l’Etat. Hollande n’a cessé, depuis le début de cette affaire de défendre l’institution judiciaire, critiquée par Fillon, et son Garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, ne s’est nullement ému de la divulgation à deux journalistes du Monde des procès verbaux de l’enquête diligentée par le PNF… lequel n’a éprouvé nul besoin de faire le nécessaire pour avoir des éclaircissements à ce sujet. Oui, décidément, François Fillon a raison d’estimer qu’en l’occurrence, il n’est pas traité comme un justiciables comme les autres.

    Il reste à se demander quelle est la cause profonde de ce torpillage délibéré de la candidature de Fillon.
    Certes, la gauche envisageait sans plaisir la victoire annoncée de l’ancien Premier ministre, et de la droite aux prochaines législatives ; mais nous n’en aurions pas été à la première alternance, depuis 1981.

    C’est mal connaître notre gauche hexagonale, qui diffère de ses homologues européennes. C’est qu’en France, justement, l’alternance – la vraie – n’est pas permise.
    Que les seniors se souviennent du grand projet de la gauche durant les années 70. Elle affirmait alors vouloir créer dans le pays, une fois maîtresse du pouvoir, une « situation irréversible », suivant sa propre expression.

    Cela signifiait clairement – et ses dirigeants l’expliquaient sans relâche – que, même si elle revenait au pouvoir, la droite se trouverait dans l’impossibilité de revenir sur les mesures prises par la gauche, de les abroger, d’initier une politique rompant nettement avec elles et procédant d’une vision différente de la société et du monde.

    C’est ce que, de nos jours, on appelle l’ « effet cliquet », présenté comme une loi naturelle d’impossibilité de retour sur les « acquis », et qui tient lieu d’alibi à la lâcheté de la droite républicaine. Et justement, depuis la victoire « historique » (on a les victoires et l’histoire qu’on peut) de la gauche en 1981, la France a connu bien des alternances et des retours au pouvoir de la droite. Jamais celle-ci n’est revenue sur les réformes opérées par la gauche, que ce soit en matière économique et sociale ou dans les domaines des mentalités, des mœurs et de la « culture » (les guillemets s’imposent, en l’occurrence).

    Elle n’a eu de cesse de se comporter en gestionnaire loyale des « conquêtes » politiques et sociales de la gauche, et de se défendre, comme un beau diable, de vouloir les escamoter. Mieux, elle a constamment juré ses grands dieux qu’elle se réclamait des mêmes valeurs que la gauche, les « valeurs de la république », de la démocratie universelle et mondialisée et des droits de l’homme, de la femme et du mouflet.

    Un acharnement délibéré
    C’est à cette seule et impérieuse condition qu’elle peut voir reconnue sa légitimité de « droite républicaine » et son droit à gouverner de temps en temps, le temps que la gauche fatiguée reconstitue ses forces, assurant ainsi un intérim durant lequel elle ne change rien à rien. Et c’est à peu près ce qui s’est passé sous les présidences de Chirac et de Sarkozy et les gouvernements Chirac, Balladur, Juppé, Raffarin, Villepin, Fillon.

    Or, voilà que Fillon se présentait à la présidentielle avec un programme de rupture totale avec cette passivité complaisante, et entendait revenir sur les acquis de la gauche, et avec de grandes chances de victoire. Intolérable. Le torpillage de sa candidature s’imposait. Lui écarté, le prochain président serait soit Macron, soit Juppé (la victoire de Marine restant hautement improbable au second tour de la présidentielle).

    Le premier, longtemps socialiste et ancien ministre de Hollande et Valls, continuerait la politique de ces derniers, et, faute du soutien d’une grande formation politique, serait obligé d’admettre des ministres PS dans son gouvernement afin de disposer d’une majorité parlementaire ; quant au second, on pouvait tenir pour assuré qu’il ne changerait rien à la politique conduite sous le quinquennat qui s’achève. Dans les deux cas, la gauche reste au pouvoir : avec Macron, elle y participe ; avec Juppé, elle voit ses acquis sauvegardés et ses « valeurs » continuer de tenir lieu de tables de la Loi de notre belle République.

    Tel est le sens profond de la formidable offensive lancée contre Fillon depuis le 25 janvier. Le plus remarquable – le moins étonnant, aussi – réside en ceci que, vraisemblablement, elle ne résulte d’aucun plan concerté ou complot associant des personnes et des groupes s’entendant dans un but précis. Elle est née et s’est développée le plus naturellement et le plus spontanément du monde.

    Le Canard enchaîné a lancé l’affaire sans consulter préalablement personne, le PNF a ordonné l’enquête comme par réflexe, l’Etat a laissé les mains libres à la justice, les médias se sont déchaînés instinctivement… et la droite la plus bête du monde a suivi le mouvement, comme d’habitude, courant pour rattraper le train en marche, au nom de la probité et des vertus républicaines les plus romaines.

    Le grand organisme républicain a tout naturellement secrété ses anticorps contre cet antigène que constituait le programme politique de Fillon__ à supposer d’ailleurs que le candidat l’eût effectivement appliqué en cas de victoire, ce qui n’est pas certain du tout. Craignons d’ailleurs que cette métaphore biologique soit inexacte ; en fait, notre société ressemble plutôt à un corps sidaïque dont toutes les défenses sont paralysées par le virus qu’il porte.

    Notre système neutralise spontanément celui qui en conteste (ou semble en contester) les « valeurs », les principes, les règles et les « acquis ». Fillon en fait l’amère expérience aujourd’hui. Comme disait Anatole France, « la République gouverne mal, mais se défend bien ».

  • Charette ou Macron, il faut choisir

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    Le discours d’Emmanuel Macron à Marseille restera dans les annalesMacron-Libéralisme.jpg politiques comme une anthologie de médiocrité absolue. Où l’on voit que la bête de scène compte sur l’inaudibilité par des auditeurs admiratifs de ce bout-à-bout de mots magiques qui ont fait la force, jusqu’à présent, du candidat. Car, ne nous y trompons pas, Macron est un jeune homme intelligent et opportuniste qui n’a d’ambition que pour sa carrière. S’il est élu président de la République (le summum d’une vie pour le commun des mortels), dès la fin de son mandat, il reprendra du service auprès de ses obligés de la finance. Et ce langage indescriptible, où les mots savants se suivent dans un brouillamini savant, le sert auprès des plus faibles de nos concitoyens qui ne réalisent pas qu’ils sont l’objet d’une OPA qui va lui permettre d’atteindre son but, si on ne réussit pas à l’éliminer avant le 23 avril.

    Prenons l’exemple d’une évocation du patriotisme en face d’une masse de Marseillais de toutes origines qu’il a savamment identifiés un à un : « Être patriote, ce n’est pas la gauche qui s’est rétrécie sur ses utopies. Être patriote, ce n’est pas la droite qui se perd dans ses avanies et l’esprit de revanche. Être patriote, ce n’est pas le FN, le repli et la haine qui conduira à la guerre civile. Être patriote, c’est vouloir une France forte, ouverte dans l’Europe et regardant le monde. »

    Tout auditeur intelligent pourrait penser : mais ce gars-là se moque de nous ! Pour qui se prend-il ? Pour le Bon Dieu, pour le centre de la France, ni gauche, ni droite… Macron, c’est une succession d’utopies… de gauche essentiellement. Macron, c’est le communautarisme qui peut conduire à la guerre civile. Être patriote, c’est être Français. Point final. Ce n’est pas être Européen. 

    L’Europe n’a jamais été une patrie. Être patriote, c’est aimer d’abord sa famille, puis ses amis, puis ses voisins, puis son pays. 

    Charette.jpegMais être patriote, c’est surtout ce qu’en a écrit François Athanase Charette de La Contrie, ce héros vendéen cher à Philippe de Villiers et à nos cœurs. Une ode au patriotisme dont Macron n’aurait pas pu en écrire une ligne. 

    « Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi. Leur patrie à eux*, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irréligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre… Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire. Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur… »

    Charette, bien sûr, c’est l’anti-Macron absolu, celui qui a donné sa vie pour Dieu et son roi. Saint Macron est à mille lieues d’être patriote. Un gourou sans foi ni loi que nous avons trois semaines pour éloigner du second tour.

    Alors, oui, en avant, marche !   

    *  Les guillotineurs 

    Floris de Bonneville

    Journaliste
    Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

    Boulevard Voltaire

  • Catégories : Politique magazine

    Le nouveau Politique magazine

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    ANALYSE

    Par Hilaire de Crémiers

    Les élections présidentielles ne peuvent déboucher avec les législatives qui suivent, que sur une crise de régime.

     

    Les sycophantes mènent leur ballet. Institution éminemment démocratique qui sévissait déjà dans l’Athènes décadente. La dénonciation sort des officines de la Hollandie, file vers les salles de rédaction, excite les magistrats, incendie les réseaux sociaux. Chacun se croit en droit de juger. Le parti socialiste, toute la gauche dite de gouvernement qui joue les offusqués, oublie aujourd’hui les scandales qui ont défrayé la chronique de la Mitterandie pendant plus d’une décennie, après les premières révélations de l’affaire Urba en 1991.

    Le passé, le présent et le futur

    Ils ont enterré Henri Emmanuelli samedi 25 mars en grande pompe républicaine à Mont-de-Marsan. Tous les caciques de la Gauche installée, prébendée, rémunérée et nourrie – que de pauvres gens ! – étaient là, alignés sur leurs chaises, à côté de François Hollande. À quoi pensaient-ils, tous, avec ces regards perdus, comme affaissés sur de douloureux abîmes intérieurs. Ces beaux messieurs qui affectent avec condescendance l’affranchissement de toute foi religieuse, songeaient peut-être que ce serait, comme dit le poète, bientôt leur tour. Finie la vie ! Les confortables prébendes et la jouissive fièvre de la politique politicienne ! Eux aussi, mais oui, tout comme lui, ils y passeront ! Hollande s’est voulu bravache, selon son habitude. Braver Dieu, en se croyant drôle, c’est son truc depuis ses 18 ans. Comme ses compères, à peu près tous à son image, sortis des bons collèges ! « Si Dieu existe, et que Henri l’a rejoint, il aura fort à faire avec lui. Mais que Henri sache bien – tiens, mais comment pourrait-il savoir ? – que la République aujourd’hui le salue et ne l’oubliera jamais ». La République est-elle donc une divinité ? Parle-t-elle et voit-elle, ou est-ce Hollande qui la fait parler et voir avec son ton de prédicateur ? Ah, les idoles ! Le psalmiste déjà s’en gaussait : « Os habent et non loquentur, oculos habent et non videbunt ».

    Mais cet Henri Emmanuelli dont Hollande a fait l’éloge, avait été condamné en 1997 à dix-huit mois de prison avec sursis et à deux ans de privation de droits civiques. En tant que trésorier du parti socialiste ! Péché pardonné donc. L’onction républicaine couvre tout. Il est bon de se sentir purgé. Les lois d’amnistie, d’auto-amnistie devrait-on préciser, de 1988–1990 sont censées avoir tout mis au net. Grâce soit rendue à la République et à l’efficace de ses sacrements ! Pourtant les faits peccamineux ont continué par la suite, tant du côté socialiste que du côté du RPR et de l’UMP. Faut-il reprendre la longue litanie des « affaires » ? Jusqu’à Cahuzac, Le Roux… ? Et les comptes de campagne pour les présidentielles validés par le Conseil constitutionnel pour le bon ordre républicain, ainsi que l’a révélé Dumas ?

    Politique d’initiés

    Hollande lui-même, avec tous ses réseaux, n’a-t-il pas pratiqué avec délectation ces arcanes du pouvoir, en mystérieuses initiations ? Tous les livres qui paraissent sur lui, écrits pour la plupart par des journalistes de gauche, prouvent sa suffisance autant que sa maîtrise en la matière. Il met toute sa vanité dans cette manière d’être : je suis celui qui sait. Le ridicule n’est pas loin.

    Ce n’est pas pour rien qu’il est allé en pèlerinage rue Cadet le 27 février dernier, premier chef de l’État à rendre ainsi une visite officielle au temple des temples. Il s’agissait, bien sûr, de rendre grâce... à la « divinité », mais aussi d’appeler à l’aide avec grande imploration, selon la tradition des loges, dans l’implacable lutte contre toute résurgence dans la vie publique nationale du moindre soupçon de tradition française et chrétienne. Lutte acharnée qui autorise tous les coups et dans laquelle lui-même se dit, jusqu’en ses déplacements à l’autre bout du monde, totalement investi comme d’une mission supérieure et qu’il a bien l’intention de poursuivre après la fin de son mandat. Il n’est pas inutile d’écouter le baragouin de cet homme, par ailleurs profondément inculte et qui n’a réussi sa carrière qu’en ayant l’intelligence mécanique de réciter, aussi sottement qu’il le fallait, tous les poncifs de la croyance officielle.

    Ce que voudrait la France

    La question aujourd’hui, à quelques jours maintenant de l’élection présidentielle, est parfaitement claire. Le peuple français, dans la mesure où il en reste encore un, est majoritairement dans un état d’esprit que l’analyse électorale qualifie de droite. Il veut l’ordre, la justice, la paix sociale, l’arrêt de la submersion migratoire, le respect des libertés, la sauvegarde des familles, la protection du patrimoine tant public que privé, l’intégrité du territoire national et la garantie des frontières, la fin de la bureaucratie inutile, la liberté d’entreprendre, de vivre et d’éduquer, le changement radical dans la conception même de l’Europe dont l’anniversaire du traité fondateur n’a suscité aucune liesse, la sortie des filets contraignants de Bruxelles, la relance économique pour en finir avec le chômage de masse. Bref une France souveraine et fière qui retrouve son indépendance et capable d’effectuer au-delà des partis les réformes indispensables ; et il y en a beaucoup à faire qu’aucun parti au pouvoir ne fera jamais. Voilà ce que pense au fond une bonne partie des Français qui, sans le dire ni même sans se le dire de manière consciente, ne croient plus dans les institutions telles qu’elles fonctionnent aujourd’hui ; il est, d’ailleurs, quelques enquêtes d’opinion – rares mais sûres – pour le manifester clairement.

    Ce qui se passe en Guyane est sur ce point révélateur. Le gauchisme taubiresque n’a rien à voir avec le problème qui, toutes proportions gardées, ressemble à celui de la France et de toute son outre-mer. Territoires abandonnés, au motif de politiques aussi stupides que prodigues en gabegies insensées ! Telle est la réalité partout. Ça commence à se savoir et à ne plus se supporter. La dérisoire visite des deux ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, deux fantômes du moment aux noms inconnus, Fekl et Bareigts, ne changera rien au fond de la situation guyanaise.

    Alors cette France va voter. Et comme prévu, mécaniquement, elle va se diviser ou s’abstenir par dégoût. La simple addition des chiffres montrera mathématiquement qu’elle est, selon la terminologie partisane, profondément de droite. Fort mal représentée et encore plus mal gouvernée. Et tout est fait en ce moment pour que ça continue. Comme avant. Le poids du régime écrasera toutes les velléités d’en sortir. Macron qui prétend s’en libérer, n’y arrive pas plus que les autres : les ralliements à son En marche ! sont autant d’entraves pour demain. Tout le monde veut être de la partie qui se jouera avec les législatives. Les vieux apparatchiks tentent de se refaire une jeunesse. Aucun candidat à l’élection présidentielle – si déterminé soit-il – n’est en état de dominer la situation. Ne parlons ni d’Hamon ni de Mélenchon qui ne songent qu’aux recompositions futures. Macron n’est flou que de son incapacité totale de gouverner et d’avoir une majorité. Fillon se heurtera aux obstacles de la machine républicaine dont les premiers seront dressés par son propre camp : composer ou se casser. Marine Le Pen aura contre elle tout l’établissement qui tient l’administration et enserre presque la totalité de la vie politique et culturelle du pays.

    C’est littéralement sans solution. S’imaginer que le système changera parce qu’on en prendra la tête – à la place des autres, bien sûr – est un rêve. Il va encore coûter cher. La désillusion et le désespoir qui s’ensuivront, et désormais très vite, aggraveront la crise de régime. Car, maintenant, la question politique se pose avec une violente acuité : ce n’est plus une question de système comme l’affirment tous les candidats ; c’est une question de régime. 

    Hilaire de Crémiers

  • Catégories : Le Midi blanc

    Un grand nom de l'Action française nous a quitté

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    Pierre Navaranne2.jpgNotre fidèle ami toulonnais Pierre Navaranne s'est éteint paisiblement le 24 mars 2017. Il était né le 7 décembre 1920 à Pau (Béarn) filiation "d'Henry IV par les bergères" comme l'on dit là-bas Orphelin très jeune, il vivra chez son oncle, pharmacien dans cette ville ou Charles Maurras en 1890, devant le chateau d'Henry IV, eut la "révélation" de sentir la nécessité de la soumission pour l'ordre et la beauté du monde.

    Dans le sillage des émeutes du 6 février 1934 et grâce à son tuteur le docteur Vidouze, très jeune il lit l'Action Française. Il participe aux activités de la fédération régionales des Etudiants, Collégiens et Lycéens d'Action française des Basses-Pyrénées, à la permanence de la rue du Maréchal Foch de Pau.
    Il entre à Santé Navale Bordeaux au début de la seconde Guerre Mondiale. Lors de ses visites au travers la zone libre, Maurras aime rencontrer les jeunes talents et Pierre Navaranne à la joie de pouvoir dîner avec lui. De Santé Navale, Pierre Navaranne sort médecin dans un régiment de fusillers-marins avec lequel il partira pour la libération sur la route de l'Allemagne et sera décoré de la croix de guerre en Alsace. Il revient à Bordeaux soutenir sa thèse de neuro-psychiatrie puis rejoint un groupe aéro-naval en Indochine.

    Son arrivée à Toulon en 1949 le voit embarquer sur l'Emile Bertin, la Gloire puis la Lorraine et le Montcalm. A terre, il intègre l’hôpital militaire Saint-Anne au service de neuro-psychiatrie. Il devient professeur agrégé de médecine générale, puis titulaire de la chaire de médecine navale de l'Ecole d'application du service de santé de la Marine et médecin-chef des services médicaux de Saint-Anne. Il s'installera ensuite un quart de siècle dans la médecine civile à Toulon toujours, pour un cabinet de neuro-psychiatrie. Maurrassien, fidèle de l'Action Française, il partageait sa passion pour LA politique avec un engagement militant fidèle. Il participa activement, dans les années 80, à l'organisation des rendez-vous des Baux-de-Provence ou d'autres journées d'amitiés françaises. Sur la demande de  Jean Lavoëgie, secrétaire général de l'Union Royaliste Provençale, Pierre Navaranne fut pendant plus de deux décennies président de la Fédération Royaliste du Var. Ses visites à la maison de Martigues ou au cimetière de Roquevaire étaient des rendez-vous qu'il aimait tant honorer, comme delui de la Messe du 21 janvier pour le Bon Roi Louis XVI. Deux citations le touchaient particulièrement. La conclusion de la lettre de rupture de Bernanos à Maurras : "Adieu Maurras, à la douce pitié de Dieu" et les premiers vers de la Prière de la fin du Maitre de Martigues :

    "Seigneur endormez moi dans votre paix certaine

    Entre les bras de l'espérance et de l'amour. 

    Ce vieux cœur de soldat n'a pas connu la haine

    Et pour vos seuls vrais biens à battu sans retour"

    A sa retraite il intégra l'Académie du Var dont il fut le président de 1995 à 1999. Il fut l'orateur de nombreuses conférences comme sur l'écrivain Jacques Perret, où son intouchable héroine Marie-Caroline la duchesse de Berry. On se souvient de sa thèse sur l'assassinat du roi Henry IV qui fut publiée dans la Nouvelle Revue Universelle. Passionné de rugby, tirant un fil rouge du Béarn à Toulon, il n'avait que deux amours disait de lui le Sénateur-Maire de Toulon, François Trucy, "le lys et le muguet". Pilier et mémoire du royalisme varois, il présida la belle conférence du Prince Jean de France, lors de sa visite sur Toulon en 2010.

    Catholique pratiquant, très attaché aux exercices de St Ignace des pères de Chabeuil, il a rejoint son épouse et ses trois fils partis avant lui. Pour ses amis royalistes provençaux, ce fidèle maurrassien aux yeux bleus purs, puits de science toujours souriant, dont l'érudition ne le cédait qu'à son grand respect des traditions et des bonnes manières, conteur inégalable de la mémoire monarchiste, laisse l'image d'un grand "blancs du Midi".

    A Dieu Docteur, à la douce pitié de Dieu...

    Les obsèques ont été célébrées mardi 28 mars en l'église Saint-Georges à Toulon.

  • Conférence sur "Le Procès de Rouen" : plein succès

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    Son procès est unique. La bergère de Donrémy, sans instruction, sans relation sans formation militaire, avec la seule aide du ciel a, pendant trois semaines, tenu tête à 17671406_10209220698020757_1239007643_n-1.jpgune quarantaine de juges, moines et théologiens. Jamais elle ne fut prise en défaut. Sa direction du procès, car c’est elle finalement qui l’a pris en main, fut un modèle de maîtrise.

    Aux termes d’une remarquable conférence, Me Trémolet de Villers est venu à Béziers nous raconter le déroulement de ces audiences hors du commun.

    Au-delà, nous avons saisi le message politique de Jeanne qui avait compris qu’avant tout redressement national, le royaume devait retrouver son chef naturel.

    D’abord à Reims !

    Plus de cent personnes s’étaient déplacées. Un dîner termina cette sympathique réunion. 

    Elle n’est que le début d’une longue série. L'école maurrassienne démontre qu'elle est toujours à la pointe de la réflexion politique. Dans le profond obscurcissement que connaît l'intelligence française, le recours à une analyse de cette qualité présente une urgence certaine.

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